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Enseignement et façons de voir

 
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mttiro



Inscrit le: 27 Sep 2011
Messages: 969

MessagePosté le: Jeu 17 Nov 2011 10:35 am    Sujet du message: Enseignement et façons de voir Répondre en citant

Quand il y a enseignement et apprentissage, il y a ce qui se passe dans la tête du professeur, et puis
il y a ce qui se passe dans la tête de l'élève. Et quand ça a du mal à coïncider, le professeur n'est
pas content et l'élève souffre.

Pourquoi ça peut avoir du mal à coïncider ?

Réponse immédiate : l'élève est inattentif, ou l'élève est paresseux, ou l'élève est idiot. Ou : le professeur
"ne sait pas expliquer", ou "ne nous écoute pas". Etc.

Quand le professeur enseigne une "théorie", il y a, au moins en principe, plus facilement émergence
de questionnements et de discussions. Vous m'enseignez les bases de la physique, et je vous demande,
c'est quoi, l'"énergie potentielle" ? Vous acceptez volontiers ma question, et vous vous efforcez de clarifier les choses pour moi.

Mais quand le professeur enseigne un "art", une technique, un savoir-faire, comme est la sténographie,
la règle tacite est que le maître sait et l'élève ne sait pas, et n'a qu'à faire ce qu'on lui dit, accumuler les exercices
d'application, être docile et se faire le plus discret possible. On lui a promis que s'il est bien sage, lui aussi arrivera
à émuler le maître, fût-ce de loin. Il y a alors une plus grande probabilité d'incompréhensions, au moins
dans la phase initiale, quand l'élève ose se poser des questions. Après, la docilité s'installe, on cesse de se poser
des questions, et on fonce, courbé sur son guidon sans regarder le paysage.

Je suggère une autre approche qui n'exclut pas les précédentes, mais qui est moins portée sur le jugement moralisateur.

Etant un élève pas trop paresseux ou inattentif, mais du genre borné, ou casse-pieds, selon le choix, je m'interroge
sur la manière dont sont présentés certains tracés en Duployé. Prenons l'exemple de la représentation de "i" et
de "é-è" en fin de mot (petit demi-cercle). Dans les deux ouvrages que j'ai d'eux, Hautefeuille et Ramade disent :
"le i se trace en avançant ou en remontant, le é-è se trace en reculant ou en descendant".

Je vois à quoi cette description correspond pour
PI TI KI FI SI CHI MI NI
PE TE KE FE SE CHE ME NE (E = é ou è)

Mais, suis-je le seul ?, j'ai un gros malaise avec LI et LE (et donc RI et RE). Je ne vois pas le signe vocalique
aller "en remontant" pour "i" et "en descendant" pour "é-è". Dire qu'il va "en avançant" ne nous avance pas à grand chose,
parce que ça "avance" aussi pour d'autres cas, nécessairement, vu ce qu'est un demi-cercle.

Pour moi, dans "lit" ou "rit", le signe de la voyelle, loin de "remonter", ne peut que "descendre", puisqu'il est "en-dessous".

J'avouerai en être arrivé à l'extrémité mnémotechnique consistant à me graver le sténogramme de "mari" en tête,
et à l'interpréter comme un croquis salace (on sera charitable si... on se souvient que les procédés mnémotechniques
efficaces sont souvent rigolos, loufoques, ou égrillards, comme, sans doute, Aimé Paris ne l'ignorait pas).

Alors j'oublie l'enseignement de mes bons maîtres, et je me re-concocte le mien.

Prenons la voyelle "i" /i/. Je reformule la règle de Hautefeuille & Ramade en utilisant les expressions "sur la droite" /
"sur la gauche" et "sur le haut" / "sur la bas".
Le petit demi-cercle qui représente /i/ est greffé
- sur le haut de la partie finale des traits horizontaux de T, D ;
- sur le haut de la partie finale des courbes concaves à droite ou à gauche de M, N ;
- sur la droite de la partie finale des courbes concaves en haut de S, CH ;
- sur la droite de la partie finale des traits verticaux (P, B) ou inclinés (K, G ; F, V ; et aussi L, R).
Idem, inversé, pour "é" et "è" : sur le bas, sur la gauche.

Là, je comprends ce que c'est que "sur la droite de l'extrémité du trait incliné sud-ouest vers nord-est" (celui de L, R).

Mon malaise tient au fait que, intuitivement, si je fais confiance à la formulation de Hautefeuille & Ramade, je trouve
que la position du signe vocalique est intervertie entre LI et LE. Je préfère donc ma formulation.

Pour tenter de comprendre ce qui se passe d ans mon esprit pervers, je propose l'hypothèse suivante, peut-être
un peu trop léchée, idéalisée, mais qui offre une base pour la discussion.

Il y a peut-être là une différence dans la conceptualisation de la géométrie de toute cette affaire.

Si on a des segments de droite, ils sont imaginairement situés sur une droite qui partage le plan en deux demi-plans.
Cartographiquement, l'un de ces deux demi-plans est placé relativement à l'autre selon ces relations : "à l'ouest" ("à gauche")
"à l'est" ("à droite"), "au nord" ("en haut"), "au sud" ("en bas"), "au nord-ouest" (vers le haut à gauche), "au sud-est"
(vers le bas à droite), "au nord-est" (vers le haut à droite), "au sud-ouest" (vers le bas à gauche). Analoguement,
pour les signes courbes, assimilables, mettons, à des segments de paraboles, il y a partage du plan en deux zones
haut / bas ou droite / gauche.

Vous noterez que cette formulation en géométrie / géographie du plan est statique, elle envisage la relation
entre signes comme une relation, pour le premier cas, entre a) un segment d'une droite partageant le plan en deux demi-plans
et b) la position spécifiée d'une petite figure en demi-cercle dans l'un ou dans l'autre de ces deux demi-plans.

Au contraire, la formulation de Hautefeuille & Ramade est cinétique, les termes employés exprimant le mouvement
du tracé sténographique. On comprend aisément qu'un sténographe pense spontanément les choses dans cette vision.
Il se trouve que, pour un sous-cas, celui de L,R, leur énoncé me met mal à l'aise.

Pourquoi ? On le soupçonne maintenant. Peut-être parce que j'ai en l'occurrence, mais pas toujours on le verra,
une tendance (malheureuse ?) à une conceptualisation statique, ou du moins une tendance à examiner le résultat final
du tracé, comme constituant une figure géométrique descriptible dans un univers sans temporalité. Si c'est le cas,
on touche ici du doigt une des difficultés de l'enseignement. Les styles conceptuels varient suivant les individus,
en sorte que, dans la communication entre deux individus, des quiproquos, incompréhensions, voire conflits, surgissent
sans que soient en cause l'intelligence, la diligence, la compétence, l'honnêteté des deux parties. L'embêtant, c'est que
la plupart des intéressés, professeurs ou étudiants, ont beaucoup de mal à expliciter leurs styles cognitifs.

On peut se poser la question de savoir si l'opposition que j'ai conjecturée entre vision statique et vision cinétique
dérive d'une opposition entre orientations intellectuelles générales ou si on doit traiter les choses au cas par cas.
En Normand, je dirais qu'il y a un peu des deux. Comme je l'ai signalé, j'ai peut-être, pour l'affaire sténographique
ci-dessus, une orientation portée vers le statique plutôt que vers le cinétique (je dis "peut-être" parce que c'est difficile
de pratiquer une introspection fiable, et que je me raconte peut-être un roman à l'eau de rose). Mais dans d'autres cas
il n'en va pas de même. Je précise la situation que j'ai à l'esprit, en sollicitant par avance la bienveillance pour le choix
de mes exemples ; on pourrait leur en substituer d'autres.

En mathématiques, puis en logique, intervient le concept fondamental de "fonction", qui s'est historiquement dégagé
à partir du XVIIe siècle. Dans une vision "a-temporelle", celle que favorise la tendance spontanée au platonisme
chez beaucoup de mathématiciens, une fonction est un type de correspondance, purement "statique".
On a "a", et, via la fonction f( ), à "a" correspond l'image "b" : f(a) = b.
Mais il existe une autre vision où l'application de la fonction est pensée "en mouvement". On a "a", on écrit f(a), et "ensuite",
on applique f() à "a", et "ça produit" "b". On a une machine à pâtes, on y fait rentrer de la pâte à un bout, on tourne la manivelle,
et à l'autre bout on voit sortir des nouilles. C'est ainsi que se présente le système formel du lambda-calcul d'Alonso Church,
et qu'on peut présenter la logique combinatoire de Schönfinkel et Curry. Dans ces cas, j'avoue être très séduit par la pensée
des objets comme "en mouvement", comme si une machine mentale "agissait" dans le temps, comme si on était le témoin de processus.
On peut penser un programme informatique ainsi, comme effectuant des opérations et même on est
spontanément porté à l'envisager ainsi. Pour prendre un exemple plus évident, on peut penser un cercle comme un objet statique
posé là dans l'éternité, ou comme une figure qui se trace progressivement devant ses yeux, dans le temps.
Et le même individu, suivant les cas concernés, et même suivant le contexte, voire l'humeur du moment, pourra pencher
pour une vision statique ou pour une vision cinétique. On n'est jamais tout d'une pièce.

Peu importent ces exemples, chacun en trouvera d'autres plus adaptés à son histoire personnelle, je voulais simplement
mettre le doigt sur une difficulté dans l'enseignement et l'apprentissage de telle méthode sténographique. D'autres que moi
auront probablement des témoignages dans ce domaine.
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fred



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MessagePosté le: Jeu 17 Nov 2011 11:11 am    Sujet du message: Répondre en citant

Le problème que vous soulevez est très intéressant. Mais il disparaît si l’apprentissage se fait le crayon à la main. Tant que vous considérez les choses théoriquement et de loin, vous pouvez avoir une vision statique des tracés, mais votre conception devient obligatoirement cinétique si vous pratiquez. C’est ainsi que si vous considérez la ligne d’écriture comme une ligne fictive allant de gauche à droite, vous concevrez facilement que le « i » de « lit » se trace d’abord en avançant, c’est-à-dire en suivant la ligne d’écriture, alors que le « è » de « lait » se trace en reculant, c’est-à-dire de droite à gauche.
La description des règles se rapporte à la pratique, et non au résultat : elle est donc forcément cinétique, et je trouve ça très bien, pédagogiquement partant.
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mttiro



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MessagePosté le: Jeu 17 Nov 2011 11:55 am    Sujet du message: On n'est pas tous faits pareils Répondre en citant

L'apprentissage peut-il se faire seulement le crayon à la main ? Pour moi en tout cas, mais je crois que
c'est on ne peut plus banal, il passe, bien entendu, par le tracé effectif stylo sur papier,
ou sur la paume de la main (comme font les Chinois pour tracer un caractère pour autrui),
et également sur mon téléphone, à l'écran, via une application de saisie de tracés par le bout de l'index,
et aussi par le tracé gestuel dans le vide, et aussi par le tracé mental.

Mais l'apprentissage passe également par l'examen de sténogrammes donnés comme exemples
(sur un livre matériel ou sur un écran mental), et par la lecture de textes donnés en "version".

Je ne peux y arriver que si j'attaque le problème sous tous les angles.

C'est un peu comme pour l'apprentissage d'une langue étrangère, par exemple pour la prononciation.
Il faut, ça va sans dire, parler. Mais il y a des élèves qui parlent assez peu, écoutent
avec une grande concentration, se forment de bonnes images acoustiques intériorisées,
et, à la fin de l'année, sortent des productions sonores très supérieures à celles que déversent d'autres élèves
qui ont eu constamment le bec ouvert, mais qui continuent à massacrer la langue.
[Je connais tel Portugais bavard qui habite la France depuis quarante ans et dont le français,
malgré une "pratique" assidue, reste toujours à la limite du compréhensible.]

Chez ces derniers élèves, les expansifs incontrôlés, la répétition et l'apparente pratique aboutit
à un ressassement d'erreurs. Pour les premiers, au contraire, on peut évoquer l'apologue du peintre chinois
à qui l'empereur avait commandé une peinture, qui n'avait rien produit pendant des années, et qui,
pressé de livrer la commande, exécute sa peinture avec une grande vitesse et une grande qualité.
L'empereur lui reproche de n'avoir rien fait pendant tant d'années, et se voit objecter que,
durant tout ce temps, le peintre avait travaillé dans sa tête. Certes, d'autres peintres passeraient
leur temps à multiplier les croquis, les esquisses, les versions, les ébauches, les essais. On n'est pas faits pareils.

Au vu de la multiplicité de perspectives d'attaque que j'ai énumérée, je ne suis pas convaincu que, à chaque fois,
ma façon de voir / de faire opère selon le même style cognitif. Je fais confiance à mon inconscient
pour basculer comme il le faut d'un style à un autre en fonction des modalités d'apprentissage.

Donc si on me conseille la pure pratique stylo / papier et des répétitions d'exercices, ça me donne
le conseil majeur, évidemment, puisque, à la fin, l'objectif est bien de tracer des signes sur du papier
(ou un écran d'appareil), mais ça ne me donne pas toutes les facettes. Je vais donc être moins efficace
et, ne variant pas assez les techniques d'apprentissage, je vais commencer à me lasser. Ma motivation
va fondre.
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fred



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MessagePosté le: Jeu 17 Nov 2011 1:13 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Vous mélangez des choses trop différentes. Si vous appreniez la musique, comme, mettons, l’orgue à tuyaux, ou la harpe à pédales, vous ne pourriez vous contenter de ne toucher votre instrument que tous les trois mois, en rêvassant le reste du temps ! Vous trouveriez normal de pratiquer plusieurs heures par jour, et pour éviter les défauts vous iriez voir régulièrement votre professeur.
La sténographie, c’est pareil. Avec l’avantage que le professeur n’est pas indispensable, car l’apprentissage n’est pas si difficile : un peu d’attention évite les défauts et on peut immédiatement comparer ses propres productions aux modèles de la méthode choisie.
Mais comme pour tous les arts de la main, la pratique est indispensable : vous n’avez pas appris à écrire en réfléchissant devant une pancarte. Il a bien fallu que vous preniez la plume, et souvent ! Ce n’est qu’ensuite qu’une analyse plus approfondie est possible. Mais au début il faut se méfier de trop intellectualiser les choses : les réflexes de la main relèvent d’autres mécanismes. La sténographie doit aboutir à des actions réflexes. C’est exactement comme pour le morse. Dès que vous entendez quelque chose, vous devez automatiquement le traduire en sténogrammes, sans réfléchir ; pour un radio-amateur, un code morse a immédiatement un sens. Si vous faites intervenir la réflexion ou la mnémotechnie, vous introduisez une étape de plus dans le processus, et vous perdez le fil. C’est imparable. Et c’est le défaut le plus répandu.

Quant au fait que la répétition des exercices est rébarbative, n’est-ce pas le lot de tout apprentissage ? Même les tailleurs de pierre doivent s’entraîner, et il y a peu de domaines où le savoir-faire arrive tout cuit !
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mttiro



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MessagePosté le: Jeu 17 Nov 2011 5:16 pm    Sujet du message: Répétition Répondre en citant

Non, non, je persiste. Dans mon cas, ça ne marche pas comme vous dites.

D'abord quand vous dites que je n'ai "pas appris à lire en réfléchissant devant une pancarte", je vous répondrai
que c'est vrai, mais que j'ai appris à lire quand j'étais gamin, et que ce qui marchait à ce moment-là ne marche plus pour moi
de la même façon. De même rien ne prouve que la façon dont j'ai appris ma langue maternelle soit absolument
celle qui doit être mimée servilement pour apprendre une langue étrangère.

Je suis très conscient de l'importance des répétitions. J'ai jadis enregistré sur bandes magnétiques un gigantesque vocabulaire
systématique dans une langue étrangère, d'une ampleur dont on n'a vraiment plus idée aujourd'hui,
où le par cœur sur des listes a été dénigré comme le signe de l'abrutissement (on en revient), et je me suis repassé
les bandes tous les jours pendant plusieurs années, en répétant ce qu'il y avait sur la bande.

Observez que c'est très comparable à la sténo, c'est des exercices d'audition, d'oralisation,
donc une gymnastique très physique des organes phonatoires avec séquences de mouvements répétés scrupuleusement
et très finement, et cela non pas des centaines, mais des milliers de fois,
avec une mémorisation par répétition massive sur une longue période.
Et ayant dans mon entourage quelqu'un qui a dû apprendre à tirer au pistolet pour des raisons professionnelles, je sais
que les bons tireurs (assez rares) ont refait le même geste des dizaines de milliers de fois, jusqu'à atteindre un degré d'automatisation
très élevé, puisque le temps de la décision peut être inférieur à la seconde.

Seulement si je me contente de faire ça, et uniquement ça, ça ne marche pas. Pour que ça marche, dans mon cas,
que je ne généralise pas, mais qui ne doit pas être aberrant, il faut un adjuvant. C'est cet adjuvant que
vous considérez, à juste titre, comme une intellectualisation. Mais en ce qui me concerne, il est indispensable,
et n'est donc pas à repousser au moment où, la technique ayant été maîtrisée, je vais éventuellement,
à titre de loisir de luxe, m'amuser à réfléchir a posteriori, pour produire non pas de la pratique,
mais de la connaissance. Cet élément intellectualisant est comme un catalyseur, sans qui la réaction chimique ne pourra pas
se déclencher. Dans mon cas (je répète), il m'est impensable d'essayer d'imiter potablement la prononciation
d'une langue étrangère sans avoir étudié "théoriquement" une bonne description de cette langue ; une bonne,
pas une médiocre, pas une faite à la va-comme-je-te-pousse, ça, ça prolifère, y compris avec les zigotos qui osent écrire
des balivernes comme : ah, désolé, cher lecteur, il est absolument impossible d'expliquer comment on produit
ce son en arabe, vous comprenez, c'est tellement spécial, il faut trouver un arabophone et l'imiter, il n'y a pas d'autre moyen.
Et surtout n'essayez pas de comprendre, c'est de l'ordre de l'indicible. Je ne blague pas, il y a ainsi un ancien
Que Sais-Je ? sur la langue arabe où un monsieur, professeur en Sorbonne, se fait payer par les contribuables français
pour écrire en somme que, s'agissant de la matière dont il a à traiter, eh bien, ma foi, il n'a rien à en dire,
si ce n'est qu'il faut s'adresser à d'autres que lui, qui se feront un plaisir de travailler pour le roi de Prusse.
Si, il y a d'autres moyens, comme celui qui consiste à associer une bonne compréhension de ce que c'est que ce son
prétendûment si mystérieux, mais qui ne l'est pas du tout) et le geste qui le produit, et, évidemment, l'imitation répétée d'un bon modèle.
Mais là, personne ne dit le contraire, tout le monde sait bien qu'il va falloir imiter et répéter,
en sorte que mon arabisant, après tant d'années de savantes études, accouche d'une platitude qui ne m'aide pas beaucoup.
Sinon, j'ai l'impression que le professeur, soit déguise son ignorance technique sous le voile du mystère,
soit me prend pour une andouille. Noter que notre éminent arabisant ne m'a pas dit cette chose sensée : les contraintes d'espace
de la collection Que sais-je ?, et le désir de ne pas troubler certains lecteurs, font qu'il n'est ni possible ni même souhaitable
d'entrer dans des explications techniques sur les sons A, B, C. Non, il me dit carrément : impossible d'en parler, allez voir ailleurs.

Pour mon tour d'esprit en tout cas (mais je ne veux pas généraliser) l'intellectualisation n'est en rien opposée
au savoir-faire issu de la pratique, au tour de main, à l'expérience. Les deux se complètent et interagissent.
Ça accélère considérablement mon apprentissage, la qualité de l'imitation que j'arrive à produire, et la motivation nécessaire
pour accepter la répétition. J'ai trop vu de gens à qui on avait dit qu'il fallait imiter, et c'est tout, sans jamais dire
précisément comment est fait cette chose qu'on doit imiter, et comment il faut s'y prendre pour l"imiter,
et qui n'obtenaient pas de bons résultats, qui baissent les bras, qui se persuadent qu'ils n'y arriveront jamais.
Des professeurs qui vous disent "Votre prononciation n'est pas authentique", et qui ne vous expliquent pas, précisément,
techniquement, dans le détail, pourquoi il en est ainsi, et ce qu'il convient de faire pour y remédier, il y en a plein les écoles.
Mais ils ne m'aident pas beaucoup, puisque n'importe quel locuteur natif de la langue en question pourrait m'en dire autant.
Encore un coup, faut-il payer au tarif des spécialistes des gens qui ne sont as de bon conseil ?
Je suis fabriqué comme ça. D'autres fonctionnent autrement, j'en suis certain.

Dans le cas de la sténographie, je suis persuadé que je peux, et même que, pour mon usage personnel, je dois parfois,
reformuler certains éléments de la méthode Hautefeuille & Ramade pour la Duployé, conçue selon
une approche trop jugulaire jugulaire pour moi, et sans explications. Se vanter de ne rien expliquer prend parfois
un tour un peu drôle. Dans la préface de leur méthode Prévost-Delaunay, le même Hautefeuille, associé cette fois
avec Deslogis, me fait savoir qu"'il faut réduire au maximum les explications superflues". Oui, certes,
et d'ailleurs si elles sont superflues, il ne faut pas les réduire "au maximum", mais carrément à zéro.
La phrase d'après laisse entrevoir ce que Hautefeuille & Deslogis sembleraient avoir à l'esprit quand ils parlent
d'explications superflues : "Proscrire tout cas curieux de théorie ne présentant aucune utilité pratique".
La moindre idée qui se profile devient alors quelque chose qui est dénué d'utilité pratique.
Bref, la grande idée, c'est qu'il faut surtout ne pas avoir d'idées.
Franchement, envisagé ainsi, l'enseignement de la sténographie, ou d'ailleurs de n'importe quoi, n'est pas très rigolo.
Surtout quand on s'enseigne soi-même en autodidacte.

Or il y a des règles dont on pressent qu'elles tirent leur légitimation de "méta-règles" d'ordre supérieur.
Une fois que j'ai compris un peu mieux l'architecture du système de règles, mon esprit inquiet est apaisé,
et ça roule mieux.

Si je ne comprends pas le pourquoi d'une règle, je suis malheureux, parce que j'ai l'impression d'être
dans une cours de caserne au lieu d'être à l'Ecole de guerre. Et si je suis malheureux, alors mon ardeur pour
la routine répétitive s'affaisse. Ça doit arriver fréquemment.

Je fais confiance à MM. Hautefeuille, Ramade, Deslogis, je sais qu'ils connaissent leur affaire, s'agissant de la sténo
proprement dite. Pour autant je ne fais pas totalement confiance dans leur mode d'exposition.

Je sais que ma façon de fonctionner n'est pas celle de mon voisin. Je sais pour l'avoir vu cent fois
que ce qui est clair, facile, motivant pour moi, se révèle obscur, ardu et désespérant pour mon voisin.
Et inversement. C'est pourquoi une pédagogie unique modèle réglementaire n'est pas aussi performante
qu'on pourrait le penser.

En déplaçant légèrement de sujet, mais en restant toujours dans l'optique de l'impact des préférences personnelles
sur l'apprentissage, qu'il ait existé des centaines de méthodes sténographiques, dont, même en étant très férocement sélectif,
on peut admettre au moins 10 % comme très estimables, ça c'est un fait qui n'est pas simplement dû
à l'ignorance d'autres méthodes, ou à la vanité de se croire l'Innovateur exceptionnel tant espéré
par l'Humanité souffrante. Il est dû au fait que, si, à cause de contraintes gestuelles évidentes,
certaines techniques sont techniquement objectivement meilleures que d'autres
(d'où, par exemple, que le stock des signes élémentaires dans les morphologies sténographiques
de type géométrique est nécessairement toujours à peu près le même si on veut atteindre une vitesse minimale),
néanmoins, selon les genres d'esprits, et selon les visées qu'ils s'assignent, certaines solutions sont jugées
plus ou moins satisfaisantes. Par exemple je suis admiratif, intellectuellement, de la sténographie Pitman,
mais elle ne me convient pas pour diverses raisons : choix systémiques sur la notation des voyelles,
utilisation massive du renforcement. Si quelqu'un me dit qu'il déteste les géométriques, et qu'il n'y a
rien de meilleur que les cursives, ou que les patates aplaties de la Gregg l'émeuvent comme ne le
sauraient le faire les ronds bien ronds de telle autre méthode, je ne peux qu'en prendre acte.
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fred



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MessagePosté le: Ven 18 Nov 2011 10:09 am    Sujet du message: Répondre en citant

Votre démarche, vous l’avouez vous-même, vise surtout à vous rassurer ; vous avez besoin de vous sentir dans un environnement connu avant de vous lancer dans la pratique. Comme si, avant de faire votre premier saut à la perche, vous aviez besoin de vous assurer que le matelas placé en dessous est bien moelleux ! Je comprends cette attitude prudente, mais elle prouve surtout que vous ne faites pas confiance à vos professeurs, en l’occurrence les auteurs de méthodes, qui vous engagent toujours à pratiquer d’abord, et non à pinailler sur les règles. La démarche intellectuelle sur la théorie est intéressante, mais si vous aviez un professeur de sténo devant vous, il vous empêcherait de l’exercer dès le début ou parallèlement à la pratique de la méthode. Comme vous lui feriez confiance, vous n’éprouveriez pas ce besoin de sécurité, et vous réfléchiriez moins sur le pourquoi et le comment, car je pense que c’est là une réaction assez typique d’autodidacte.
A posteriori, en revanche, une telle réflexion peut se révéler fructueuse. Elle permet de préciser certains problèmes qui ont pu survenir lors de la pratique, ou, en prenant du recul, de mieux comprendre la raison de certaines règles. Mais au début, et pendant l’apprentissage, ces réflexions créent plutôt des obstacles qui freineront la progression, car vous ne trouverez pas toujours de réponses à vos questions, et cela fera naître en vous une frustration désagréable et décourageante.
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kimou



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MessagePosté le: Lun 21 Nov 2011 11:38 am    Sujet du message: Enseignement et façon de voir Répondre en citant

Je pense que toutes les méthodes sont bonnes :

- la Prévost-Delaunay est plus rapide : je ne sais pas si elle transcrit bien ;

- la Duployée codifiée est peut-être un peu plus lente que la Prévost, mais elle est plus belle et plus précise : en effet, elle est soumise aux "cas d'angle". En effet, l'élève doit étudier le positionnement des voyelles ou de certains sons (ex : "a" et "va" "vra") lorsque deux sons "consonnes" forment, un angle droit, aigu ou obtus : le "a" et "va-fa" ou "vra-fra" ne s'écrivent et ne se placent pas de la même façon ;

- la Duployée intégrale : retranscrit le mot entièrement mais je pense qu'on perd du temps à écrire le mot en entier.

Une sténographe utilisant la "Duployée codifiée" saura déchiffrer la "Duployée intégrale", pas l'inverse, car on doit apprendre toute une liste de mots codés, simplifiés et la contraction de sons (ex. : "kere-guere" : qui nous permet d'écrire "grâce - grosse - grise" sans devoir écrire le mot en entier, qui prendrait plus de temps.

Pour l'essentiel, ce qui compte, c'est de bien apprendre les sons, les cas d'angles, et de faire ses "gammes" et de s'entraîner (magnétophone, débats...). Ne pas dire : j'ai mal écrit un mot - tant pis - Non, il faut que cela devienne un acte répétitif sans être obligée de faire intervenir la mémoire (sinon, on perd du temps et un concours).

. Dans les débuts, je traduisais (dans ma tête) systématiquement en sténo les affiches publicitaires, les discussions. Cela devenait de l'obsession.

Y a-t-il quelqu'un parmi vous qui utilise la Duployée codifiée (je n'ai croisé que trois personnes dans ma carrière - deux à l'Armée et une dans mon dernier emploi) ?
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kimou



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MessagePosté le: Mer 30 Nov 2011 2:55 pm    Sujet du message: Répondre en citant

La Duployée codifée est la plus logique des sténos, la plus précise sauf lors qu'il existe des abréviations (qu'il faut connaître par coeur). Celles-ci ne sont pas le fruit d'un hasard ex. : oeil - où l'on rajoute un petit point au-dessous de "eu" -
J'ai remarqué que dans l'ancienne sténo, on mettait un point au-dessous du "eu" - systématiquement. Or, maintenant on n'en met plus sauf dans oeil, réminiscence d'un ancien tracé. Heureusement qu'on ne met plus le point (on perdrait à chaque fois du temps).

A la fin d'un "RE" ou "RESE", on met le "i" à droite et le "é" à gauche,

A la fin d'un cercle, "i" se met à droite "é" se met à gauche.

Les gammes sont très utiles pour conduire à l'automatisme, pour éviter qu'on se prenne la tête lors d'une prise de notes.

Les répétitions améliorent la vitesse.

Un bon professeur est celui (celle) qui est sur votre dos dès que vous faites une faute de cas d'angles ou autres erreurs : toujours en priorité, l'automatisme parfait.

J'ai remarqué que la Prévost-Delaunay, par exemple, utilisait moins de demi-cercles et qu'il existait moins de cas d'angles que la Duployé - peut-être que la limitation des signes fait appel à plus de mémoire.
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