Forum du petit sténographe

mttiro · Inscrit le: 27 Sep 2011 Messages: 969

Irma de Wik-Potel publie en 1853 (deuxième édition) à Paris La Dewikographie, sténographie des princes. Cet ouvrage fait 87 pages, comporte un historique de la tachygraphie, et une bibliographie pour la période 1801-1850. On y apprend que l’auteur a rassemblé pendant vingt ans une bibliothèque sténographique.

Cet ouvrage est disponible sur Google Books.
https://books.google.fr/books/about/Dewikographie.html

L’auteur, selon les usages des concepteurs de sténographie, vante sa méthode :

« La Dewikographie sextuple le temps. On peut en une heure exécuter un travail qui exigerait six heures avec l'écriture habituelle. [...]

La Dewikographie, considérée comme écriture secrète, peut défier l'œil indiscret de la domesticité, et les Dames pourront, en toute confiance, dewikographier sur leur calepin leurs notes particulières.

La Dewikographie, d'une exécution légère et facile, d'une forme gracieuse et charmante, plaît à l'œil. Considérée comme écriture de la bonne société, elle est enseignée dans les premières institutions des grandes capitales;

Et elle est le complément obligé d'une belle éducation ».

La hantise de se voir épié par la domesticité est un locus classicus. Selon une coutume étrange, l’auteur prétend que sa méthode s’est diffusée dans toute l’Europe, en tout cas chez les personnes du bel air. Au passage, j’ignore pourquoi Mme de Wik-Potel appelle sa méthode « sténographie des princes ». Le mot ne réapparaît pas dans le texte (on peut faire une recherche dans la version texte brut de la BNF Gallica).

L’auteur s’appelle Irma Bernard, elle est mariée à Jacques-Louis de Wiki-Potel, lui-même auteur d’une Nouvelle sténographie, 1847, qui pourrait été tirée d’Hippolyte Prévost. On doit à la plume généreuse de ce gentleman Dictées récréatives, bizarreries et singularités de la langue française, 1857. Et Petites bluettes dramatiques à l’usage des maisons d’éducation de jeunes demoiselles, 1866-1869, et une vingtaine d’autres ouvrages.

« Le premier recueil de dictées dont on indique dans le titre qu’elles sont tirées des meilleurs auteurs paraît en… 1857[20]. La pratique est nouvelle et fera florès : l’exercice de la dictée est désormais explicitement rattaché à la littérature. Il peut aussi être associé à la récréation mondaine, comme l’indique le titre des recueils que fait paraître Jacques-Louis Wik-Potel, Dictées récréatives, bizarreries et singularités de la langue française [21]. Sans que l’on sache dans quel sens se construisent les relations, cette série de coïncidences montre bien que la dictée est un exercice pédagogique qui échappe alors en partie à ses origines scolaires et se trouve engagé dans une nouvelle forme de légitimité ».
Micheline Cambron
https://www.erudit.org/fr/revues/etudfr/2007-v43-n2-etudfr1779/016476ar/

J.-L. de Wik-Potel a pu être considéré comme faisant partie de la dizaine de pédagogues d’avant-garde pour les méthodes de lecture au XIXe siècle :

https://www.lecture.org/revues_livres/actes_lectures/AL/AL38/AL38P22.pdf

Je compte en dire plus dans d’autres posts, si c’est possible.

mttiro · Inscrit le: 27 Sep 2011 Messages: 969

La Wikographie est une méthode classique à base phonographique. Ou, pour être plus précis, à visée archiphonographique (explicitation plus bas).

On peut se donner une vue d’ensemble du système en allant aux pages 49, et 64-65-66.

Le stock de base comprend 8 signes qu’on double, d’où 16 signes.

Irma de Wik-Potel regroupe les phonèmes français en archiphonèmes. Ainsi, /p/ et /b/ se voient attribuer un même signe. De même, une barre horizontale longue note le regroupement de s, z, ch, j . Là, ça va carrément plus loin qu’un archiphonème, puisque les sibilantes s, z d’une part, et les chuintantes ch, j d’autre part sont mises dans le même sac archi-archiphonémique.

IDWP se rend compte que c’est un peu dur, alors elle ajoute, en option pour les enfants, etc., des signes auxiliaires, en particulier des petites « sécantes » pour dégrouper.

Ainsi la barre horizontale longue, une fois munie de quatre de ces diacritiques, donne des signes propres à s, z, ch, j respectivement.

IDWP, tel Adonai au septième jour peut finalement contempler son œuvre et la trouver fort bonne, et conclure : « Le Tableau comparatif suffira pour faire ressortir la supériorité incontestable de notre système. Nous aurions pu mettre notre méthode en parallèle avec l'Okygraphie, la Graphodomie, la Notographie, la Typophonie, et tant d'autres systèmes; mais nous avons préféré nous en tenir aux Sténographies qui ont fait école ».

mttiro · Inscrit le: 27 Sep 2011 Messages: 969

La Dewikographie, apparemment 2e édition, date de 1853.

Elle est précédée en 1847 par la Nouvelle sténographie. Potelégraphie plus rapide et supérieure à tous les systèmes usités jusqu'à ce jour, par Wik-Potel J.-L. Cet ouvrage, dû apparemment à M. de Wik-Potel, et non à son ingénieuse moitié, est un in-octavo de 8 feuilles imprimé chez Perrin, à Lyon.

Pour le moment, il m’est impossible de déterminer en quoi consiste la Potelégraphie, et en quoi elle diffère de la Dewikographie

mttiro · Inscrit le: 27 Sep 2011 Messages: 969

Jacques-Louis de Wik-Potel (en fait Jacques Louis Potel : voir plus loin) réside à Lyon en 1866, selon une information tirée de la liste BNF des 26 items répertoriés sous son nom :

https://data.bnf.fr/fr/documents-by-rdt/10648373/70/page1

Il a publié des Études phoniques de Dewikologie. Manuel du professeur, 1859.

On est alléché par le titre de son opus littéraire : L’Empire du nom, ou la Grammaire en action, drame classique en 4 actes. 48 pages. Paris, 1855-1856.

Sur le site Les personnages célèbres de Dieppe et de sa région, je trouve une notice sur JLDWP :

« WIK-POTEL (POTEL Jacques-Louis, dit de) Né à Dieppe le 11 juin 1816 et mort à Lyon en 1869. On lui doit divers ouvrages et entre autres une méthode de lecture : Dictées récréatives, (Paris, 1854). - Premiers calculs d'un jeune comptable, (Lyon, 1854). - L'empire du nom ou la grammaire en action, dialogue dramatique, (1855). - Récréations mnémoniques, Charades grammaticales, (Lyon, 1856). - Etudes phoniques de Wikologie, pour enseigner simultanément et sans épellation la lecture, l'orthographe et la prononciation, (Lyon, 1859). - Petites bluettes dramatiques, à l'usage des maisons d'éducation de jeunes gens, (Lyon, 1866). - Petites bluettes dramatiques, à l'usage des maisons d'éducation de jeunes demoiselles, (Lyon, 1869). Etc ».