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Shakespeare et la sténographie

 
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mttiro



Inscrit le: 27 Sep 2011
Messages: 969

MessagePosté le: Ven 18 Nov 2011 3:03 pm    Sujet du message: Shakespeare et la sténographie Répondre en citant

A première vue on ne voit pas de rapport entre Shakespeare et la sténographie. A deuxième vue, si. A troisième vue, hum.

Les pièces de Shakespeare ont été, en partie (18 sur 36), publiées sous la forme de livres séparés au format in-quarto (à peu près notre A4). C'est ce qu'on appelle les Quartos. Certains sont appelés les Bad Quartos (mauvais in-quartos), à cause de leur qualité médiocre ; je vais en reparler. Ensuite elles ont été publiées, en 1623, sept ans après la mort du dramaturge, sous la forme d'un volume au format in-folio, à peu près notre A3 : c'est le Premier Folio. Le Deuxième Folio est paru en 1632, puis encore deux autres au XVIIe siècle.

Les éditeurs constatent que le texte, selon les variantes, pose parfois des problèmes d'interprétation, que certains passages sont difficiles à comprendre. Dès le XVIIIe siècle, l'hypothèse a été avancée, par Lewis Theobald, que les versions courtes seraient issues de transcriptions inadéquates par des sténographes. Cette conjecture a été reprise par divers auteurs par la suite. D'autant qu'un autre dramaturge élisabéthain, Thomas Heywood, s'est plaint explicitement qu'une de ses pièces avait été piratée par des sténographes.
Restent que pas mal d'objections peuvent être faites à la théorie du piratage sténographique

1) L'interprétation du passage de Heywood est délicate, car il peut s'agir du piratage, non pas du texte intégral, mais de l'intrigue.

2) Même dans les Bad Quartos, les passages obscurs voisinent avec des passages limpides.

3) Il existe une théorie plus économique. On peut penser que certains acteurs, particulièrement ceux qui jouaient des rôles secondaires, avaient reconstitué la pièce plus ou moins fidèlement, puis avaient vendu leur savoir aux concurrents. C'est l'idée du spécialiste W. W. Greg, à ne pas confondre avec le créateur de la sténographie Gregg, John Robert Gregg.

4) Il est assez douteux que les vitesses autorisées par les méthodes sténographiques de l'époque aient pu suffire à noter une pièce. C'est la conclusion à laquelle était arrivée W. Matthews (Shorthand and the bad Shakespeare Quartos, The Modern Language Review, 37,3 (1932) ; disponible en ligne mais contre abonnement). Egalement G. I. Duthie, en 1949, a exprimé l'opinion qu'aucun système sténographique de l'époque n'aurait été assez performant pour aboutir aux Quartos. Depuis le scepticisme a dominé chez les spécialistes du théâtre élisabéthain. Malgré tout, la théorie a été ressuscitée dans le livre de 2010 d'Adele Davidson, Shakespeare in Sorthand: the textual mystery of King Lear (extraits consultables en ligne).

Ce que je sais de la tachygraphie des XVIe / début XVIIe siècles me fait pencher pour le scepticisme. Passe encore, à première vue, si on a une pièce hiératique où les personnages égrènent de nobles propos avec un train de sénateur. Certaines façons de jouer Racine pourraient y faire penser. Même là, ce qui paraît lent à l'audition se révèle déjà bien trop rapide pour le scribe.

Seulement si, dans une comédie de Shakespeare, vous avez un échange de badinage entre deux jeunes messieurs qui rivalisent d'esprit, de jeux de mots, de taquineries, de réparties astucieuses, il est peu probable que les acteurs aient pu jouer de telles scènes, où on mime un tac au tac virtuose, un rythme de réparties preste et véloce, sans un tempo minimal, faute de quoi les scènes auraient, j'imagine, perdu tout sel. Imaginez des propos de comptoir où les protagonistes parleraient à 80 mots / minute : ce serait indigeste. Je vois difficilement comment des systèmes ignorant le principe un mot = un sténogramme auraient pu tenir le coup à 180 mots / minute. Si le sténographe a mémorisé des centaines de signes logographiques, on aura un bien meilleur rendement, mais ça suppose un vocabulaire adapté au vocabulaire des pièces, et non, par exemple, à celui des sermons, avec, en amont, la préparation de tout un codage. Comme je l'ai expliqué ailleurs, noter des sermons de Luther, c'est une chose, noter des conversations, c'en est une autre.



http://fr.wikipedia.org/wiki/William_Shakespeare#Shakespeare_:_le_probl.C3.A8me_de_l.E2.80.99.C3.A9dition

http://en.wikipedia.org/wiki/Bad_quarto#Origins_of_the_Bad_Quarto_Theory

ttp://books.google.fr/books?id=jiHeCE2GKD4C&pg=PA125&lpg=PA125&dq=shakespeare+shorthand+pirates&source=bl&ots=_Lbm1vZQBP&sig=3hEktjlUaq69qkj-oBTiH9SIHJQ&hl=fr&ei=ErKuTv_NC8iWOuCc6PAC&sa=X&oi=book_result&ct=result&resnum=3&ved=0CCkQ6AEwAg#v=onepage&q=shorthand&f=false
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mttiro



Inscrit le: 27 Sep 2011
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MessagePosté le: Ven 03 Mai 2019 7:07 am    Sujet du message: Shakespeare King Lear Répondre en citant

Présentation de l’éditeur pour le livre d’Adele Davidson (2009), Shakespeare in Shorthand: The Textual Mystery of King Lear.

The year 2008 marked the four hundredth anniversary of the first publication of King Lear, and for four centuries the play has remained a consummate bibliographical mystery. The earliest quarto (1608) prints apparent nonsense and seemingly insoluble cruxes. Shakespeare in Shorthand solves the textual puzzle and shows that many textual anomalies derive from the play's transcription in Elizabethan shorthand. The shorthand system of John Willis, Stenographie, first published in 1602, shows a high correlation with the unusual orthography and textual features of the Lear quarto. This book, which was the 2007 winner of the Jay L. Halio Prize in Shakespeare and Early Modern Studies, combines textual and bibliographical analysis with a cultural history of early modern stenography and an examination of shorthand sermons to show that knowledge of shorthand can clarify the textual interrelation of the quarto and folio versions of Lear. Some textual differences that are often ascribed to authorial revision are shown to derive instead from processes of transcription and transmission in abbreviated writing.
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