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Forum du petit sténographe Forum d'échange et d'entr'aide autour de la sténographie
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mttiro
Inscrit le: 27 Sep 2011 Messages: 969
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Posté le: Jeu 17 Nov 2011 8:37 am Sujet du message: Traitement des hiatus selon les systèmes |
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Dans l'étude comparée des systèmes sténographiques, ce qu'on aurait volontiers appelé
"Allgemeine Kurzschriftswissenschaft" si on avait été un savant allemand barbichu et lorgnoné vers 1870,
on se demande comment les différents systèmes résolvent un problème donné.
C'est ainsi que la représentation des suites de voyelles adjacentes (de voyelles en hiatus :
ce que les méthodes sont tentées parfois, mais pas toujours, d'appeler les "diphtongues")
varie suivant les méthodes tachygraphiques. J'en examine six de façon simplifiée, surtout
pour le hiatus en position interne de mot. Dans certains cas, je noterai par un point la frontière
entre les syllabes, ou certaines syllabes.
Dans ce qui suit, je vais simplifier la présentation, car, sous la catégorie du hiatus, les méthodes
tendent à rassembler des cas qui, au regard du phonéticien, ne sont pas du tout des hiatus, en particulier
quand le premier élément est une consonne du type "semi-consonne" (aussi appelée semi-voyelle, glissée, glide).
Comme dans des mots tels que le français "pi.ssa.la.dière" (quatre syllabes), "sa.la.dier" (trois syllabes),
"sa.lière" (deux syllabes), "miette" (une syllabe), "cuit" (une syllabe), etc.
Il est bien possible que, pour ces cas, les concepteurs des méthodes aient aient été victimes des apparences
de la graphie courante. Certains auteurs sont un peu plus rigoureux : ainsi, pour le Système français d'écriture abrégée,
Limousin & Texier (1994) avertissent de la différence entre un hiatus ["pa.ré.o" /pareo/] et ce qu'ils appellent
(à tort, mais peu importe) une "diphtongue" ["piaffe" /pjaf/].
Toutefois je n'ai pas l'impression que ces imperfections dans les principes de conception nuisent de façon significative
à l'emploi effectif des techniques.
1) Sténographie Gregg (anglais)
Dans la sténographie Gregg pour l'anglais, la règle générale est que les deux voyelles sont représentées. C'est le cas
dans des mots comme "po.et", "radi.o", "snow.y", "sci.ence".
Mais il est indiqué ensuite qu'on "peut" omettre la "voyelle mineure" ("minor vowel"), et qu'on le fait "souvent".
Ainsi dans "theory" on écrira comme si on avait "the'ry", dans "theatre", on écrira comme si on avait "the'tre".
Malheureusement on ne définit pas ce qu'est une "voyelle mineure" autrement que par "un signe vocalique
peut être omis quand il ne contribue pas à la vitesse ou à la lisibilité", ce qui est laissé à l'appréciation
de l'élève, même débutant.
Il se trouve que, dans les exemples ci-dessus, pratiquement, mais sans le dire explicitement, la "voyelle mineure"
omise est la deuxième de la suite.
2) Sténographie Aimé Paris (français)
Dans ce système, en cas de hiatus, la règle générale est d'omettre la première voyelle de la suite. Mais en position finale,
la suppression est fortement contrainte.
Mais, sous certaines conditions que je ne détaille pas, on peut également supprimer les deux voyelles. Donc dans
"lanière" on ne note que /l a n r/.
3) Sténographie Duployé (français)
Dans la sténographie Duployé, à l'intérieur des mots, la règle est précise, elle dépend de considérations touchant à la combinaison des signes, fondées sur la considération du signe cercle pour une (la première) ou deux des voyelles de la suite.
a) Si les deux voyelles sont représentées par un cercle, on omet la première voyelle de la suite. On écrit donc "boa
comme "bas", "bât", "bois" ; "caoutchouc" s'écrit comme s'il se prononçait /kutSu/, "Sa.ha.ra" s'écrit comme "Sa.rah".
b) En revanche si seule la première voyelle de la suite est représentée par un cercle, les deux voyelles sont notées :
"trahi", "caïd", "Noël", "Tahiti", "héroïque". b) Enfin si la première voyelle n'est pas représentée par un cercle,
on omet cette première voyelle, donc "pays" s'écrit comme "pis" "pie", "pi".
Pour résumer, dans les cas d'omission, c'est la première voyelle qui est omise. Historiquement, il est possible
que ce principe ait été repris directement de la méthode Aimé Paris.
4) Sténographie Pitman (adaptée au français)
Dans la Pitman, on utilise un signe spécial pour indiquer la présence d'un hiatus, sans noter les composantes du hiatus.
Néanmoins ce signe se présente sous deux formes : il est orienté dans un sens si la première voyelle de la suite est
représentée par un point, et dans un autre sens si elle est représentée par un trait. On dispose donc d'une indication
très générique sur la classe à laquelle appartient la première voyelle.
5) Sténographie Prévost-Delaunay (français)
La solution est analogue à la solution Pitman. On dispose de trois signes spéciaux pour indiquer la présence
d'un hiatus, un signe général ("laïc", "Cahors", "poète"), un signe spécialisé pour la position initiale ("haïssant",
"oasis", "ahuri"), un signe pour les dissyllabes à finale vocalique ("haï", "huons").
6) Système français d'écriture abrégée
En début et en fin de mot, les deux voyelles successives sont notées. Mais à l'intérieur du mot, la suite quelle qu'elle soit
est notée indifféremment avec le signe de "a". Donc "fé.o.dal" est noté en quatre signes /f a d l/, "i.dé.al" est noté /i d a l/,
"po.é.sie" est noté /p a s i/, "stoïque" est noté en trois signes /st a k/, "né.o.li.thique" est noté en quatre signes /n a l tik/.
Pour résumer à grands traits les conclusions de cette petite monographie comparative, le problème de la notation
des voyelles en hiatus (de deux) se résout selon l'éventail suivant de solutions, qui couvre toutes les possibilités
envisageables a priori ; et, selon les systèmes, et selon les sous-cas envisagés dans chaque système, typiquement
en fonction de la nature graphique des signes :
- ne noter aucune des voyelles de la suite
- noter les deux voyelles de la suite
- noter uniquement la première voyelle
- noter uniquement la deuxième voyelle
- noter toute la suite avec un signe général de hiatus
- noter toute la suite avec deux ou trois signes de hiatus spécialisés suivant les sous-cas. |
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mttiro
Inscrit le: 27 Sep 2011 Messages: 969
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Posté le: Dim 20 Nov 2011 9:11 am Sujet du message: Précision sur le hiatus en Duployé |
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Dans ce qui précède, s'agissant de la sténographie Duployé, j'ai exposé la doctrine "récente",
telle qu'on la trouve dans les manuels de Hautefeuille & Ramade pour le Système Duployé codifié
et pour la Duployé fondamentale, dans des publications de 1976 et 1991 respectivement.
En revanche la règle est différente dans la Duployé dite "intégrale", exposée dans un bon document
de 20 pages aimablement mis en ligne sur le site de l'Institut sténographique suisse Duployé à partir de
http://www.stenographie.ch/fr_introd.html
Dans cette version première, même dans le cas de deux voyelles successives représentées par des cercles,
on note chacune des voyelles. Ainsi (page 5 ; le document n'est pas paginéX) dans des mots tels que
"zoo", chaos", "boa", "noua", "rouage".
La prescription est : "On donne à la première voyelle sa position régulière et on ajoute la suivante
dans le sens le plus naturel au mouvement de la main". Ceci peut paraître un peu allusif, mais les exemples
guident bien le lecteur.
Ensuite, dans le cas où la première voyelle de la suite en hiatus n'est pas représentée par un cercle,
la Duployé intégrale ne supprime pas cette voyelle n° 1, contrairement à la Duployé fondamentale,
même si "dans la pratique, "ui" s'écrit simplement comme "i" (là on n'est pas techniquement dans un cas
de hiatus du point de vue du phonéticien, mais peu importe). De fait, il se trouve que, plus généralement,
dans cette configuration, on attend en français standard une "semi-consonne" suivie d'une voyelle, mais que,
suivant la variété de français, on peut avoir une diérèse, et donc un hiatus. Par exemple, je dis "buée"
en deux syllabes /by.e/, et de même "duel" /dy.El/, "nuage" /ny.aZ/.
Dans le chapitre sur les "diphtongues" des deux manuels de Hautefeuille & Ramade, rien n'est dit sur "oin",
alors qu'on s'y attendrait logiquement, tandis que dans le document suisse sur la Duployé intégrale,
"oin" est traité page 17. Le "oin" y est décomposé en "ou" + "in", ces deux éléments étant notés en jonction
sans angle. Ainsi dans des mots comme "point", "loin", "moins", "joint".
D'une manière générale, dans la Duployé intégrale, on s'efforce de noter toute la substance sonore du mot
(d'où des pointages et des spécifications sur la nature des voyelles nasales), quitte à simplifier si on le juge bon,
ou si on a acquis une plus grande maîtrise, d'où une plus grande confiance en sa capacité à une relecture fiable. |
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