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Ecritures de langues d'Amérique du nord et sténographie

 
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mttiro



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MessagePosté le: Mar 11 Oct 2011 11:12 am    Sujet du message: Ecritures de langues d'Amérique du nord et sténographie Répondre en citant

Certains langues d'Amérique du nord, essentiellement au Canada, ont été dotées d'un système d'écriture
dont la forme des signes s'est inspiré en partie de systèmes sténographiques.

C'est un système syllabique, ou alphasyllabaire, ou abugida, selon les principes généraux exposés ici :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Alphasyllabaire
http://en.wikipedia.org/wiki/Abugida

Et il y a encore plus extraordinaire, mais je le garde pour la fin : soyez patients.


1) Cree, etc.

Il s'agit des syllabaires du cree, de l'ojibway et d'autres langues proches de la famille linguistique algonquienne,
autrefois également étendu à des langues de la famille linguistique athabasque, comme le chipeway.

http://en.wikipedia.org/wiki/Cree_syllabics
http://en.wikipedia.org/wiki/Canadian_Aboriginal_syllabics
http://en.wikipedia.org/wiki/Western_Cree_syllabics
http://en.wikipedia.org/wiki/Eastern_Cree_syllabics
http://en.wikipedia.org/wiki/Unified_Canadian_Aboriginal_Syllabics_(Unicode_block)

Le syllabaire cree est une création de James Evans, missionaire méthodiste, en 1836,
l'idée étant venue sous l'inspiration du syllabaire cherokee, dont je parlerai plus bas.
Or pour la forme des signes, Evans s'est inspiré de signes de sténographie (probablement Taylor, et certainement Pitman)
ainsi que du syllabaire devanagari servant à écrire le sanskrit et diverses langues indiennes de la famille indo-aryenne.

Le syllabaire a été diffusé ensuite par d'autres groupes religieux, la Church Missionary Society (anglicans)
et les Oblats de Marie Immaculée (catholiques).

Sur James Evans, voir le Dictionary of Canadian Biography Onine :
http://biographi.ca/009004-119.01-e.php?id_nbr=3376


2) Inuit

Il existe aussi un syllabaire pour noter la langue inuit (esquimau, eskimo), variété inuktitut du Canada (mais pas les variétés
de l'Alaska ou du Groenland, qui utilisent l'alphabet latin).
C'est une adaptation à partir du syllabaire cree, due à E. A. Watkins, Church Missionary Society,
et à John Horden (1855), plus précisément sur la base du syllabaire utilisé par Horden pour le Moose Cree. Diffusion par Edmund J. Peck.
Cette innovation a été inspirée du syllabaire cree d'Evans, puisqu'il s'agissait de décider si on utilisait un alphabet ou un syllabaire.

http://www.inalco.fr/ina_gabarit_rubrique.php3?ctx=langue&id_rubrique=47&id_departement=15&ina_rubrique_departement=1209&id_
langue=40&ina_rubrique_langue=1005&ina_rubrique_2=1728

http://fr.wikipedia.org/wiki/Syllabaire_inuktitut
http://en.wikipedia.org/wiki/Inuktitut_syllabics
http://iu.wikipedia.org/wiki/ᑎᑎᕋᐅᓯᖅᑐᖅ_ᓄᑖᖅ/titiraujiqtuq_nutaaq


Note sur le syllabaire cherokee

Quant au syllabaire pour la langue cherokee (une langue de la famille iroquoyenne), qui a inspiré (pour l'idée, pas pour
la forme des signes) les syllabaires cree et par suite inuit, il a été inventé, génialement, par un Cherokee appelé
Sequoyah. C'est en son honneur qu'est nommé l'arbre appelé "séquoya".
http://fr.wikipedia.org/wiki/Séquoia
Mais Sequoyah, quant à lui, ne s'est pas du tout inspiré de signes sténographiques pour concevoir la forme de ses caractères.

Sur le syllabaire cherokee de Sequoyah :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Syllabaire_cherokee
http://en.wikipedia.org/wiki/Cherokee_syllabary
http://www.omniglot.com/writing/cherokee.htm
http://fr.wikipedia.org/wiki/Sequoyah
http://en.wikipedia.org/wiki/Sequoyah

Donc, pour se résumer, la séquence historique est :
1) Invention du syllabaire cherokee par Sequoyah.
2) Reprise de l'idée du syllabaire par James Evans pour le cree, sous l'inspiration du syllabaire cherokee,
avec cette fois influence partielle de la sténographie Pitman pour la morphologie des signes.
3) Reprise de l'idée du syllabaire cree pour le syllabaire inuktitut.

Voir aussi la contribution Native writing systems" de Willard B. Walker, pp. 158-184
dans le "Handbook of North American Indians: Languages", William C. Sturtevant, ed., en ligne.
Nombreuses illustrations.


3) Chinook jargon

Il y a encore plus étonnant que ce qui précède, comme vous allez le voir. C'est un peu long, mais franchement,
si vous êtes un mordu de la sténo, ça vaut le coup...

Il y a, ou plutôt il y avait une fois, une langue appelée chinook jargon, ou chinook wawa est un pidgin, une lingua franca
(une langue qui est utilisée pour le contact, pour les échanges, mais qui n'est pas une langue maternelle,
et qui s'ajoute donc à la langue maternelle)
Le chinook jargon est apparu au XIXe siècle sur la côté nord-ouest du Pacifique, région très compliquée linguistiquement,
au contact de diverses langues amérindiennes surtout chinookan (voir ensuite), et de l'anglais et du français.
Le chinook jargon a disparu après 1990, après presque deux siècles d'existence.

Attention, c'est traître comme tout, le "chinook jargon", parfois appelé simplement "chinook", est à distinguer du "chinook"
à proprement parler, en fait la famille linguistique chinookan, petit groupe des langues qui ont fourni
la base du pidgin "chinook jargon" :
http://en.wikipedia.org/wiki/Chinookan_languages
http://en.wikipedia.org/wiki/Chinook_Jargon

Or voilà que, à la fin XIXe siècle et au début du XXe siècle, dans le diocèse de Kamloops en Colombie Britannique,
le chinook jargon présente une série de textes dans le périodique "Kamloops Wawa" ("wawa" = parler en chinook jargon,
donc "Kamloops Wawa" = "La Parole de Kamloops", si on veut "La Gazette de Kamloops"), édité par un missionnaire catholique,
le père Jean-Marie Le Jeune.

Le Jeune appartenait à la congrégation des Oblats de Marie Immaculée (OMI),
congrégation fondée à Aix-en-Provence en 1816, devenue très active au Canada.
Le Jeune était établi à la mission Saint-Louis de Kamloops, Colombie Britannique,
zone à forte population shuswap (secwepemc, chouchouape), mais pas uniquement.
Et cela depuis 1891 jusqu'en 1904, ou 1917, ou 1923 (les sources diffèrent bizarrement).
Le journal, comportant des textes en anglais, français, et chinook jargon, tirait à 3000 exemplaires en 1898.

Je souhaite contribuer, même très modestement, à honorer la mémoire du remarquable Le Jeune,
totalement oublié, en tout cas en France.

Les choses avaient commencé de la façon suivante. Le missionnaire français Paul Durieu (OMI) avait enseigné
le chinook jargon au père Le Jeune (OMI, 1855-1930), anciennement prêtre à la cathédrale d'Autun et venu au Canada.
Le Jeune était arrivé à Kamloops en 1879, et il y passa 41 ans de sa vie, de 1888 à 1929. Il est enterré près de Vancouver.
Brève biographie de Le Jeune ici (section "Personnalités liées à la commune) :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Pleyber-Christ
Photographie de Le Jeune ici ;
http://www.secwepemc.org/adc/secstin.html

La ville de Kamloops est traitée ici (mais rien n'est dit sur la mission, les Oblats, le Kamloops Wawa ou Le Jeune) :
http://en.wikipedia.org/wiki/Kamloops

Site de la représentation actuelle de la nation shuswap, le Shuswap Nation Tribal Council :
http://www.shuswapnation.org/

Pour le moment en tout cas, je n'arrive pas à trouver d'informations sur Le Jeune à partir du site des OMI ici :
http://www.omiworld.org/Default.asp?L=2
Les autres sites d'OMI au Canada semblent muets sur Le Jeune, mais le Canada est un vaste pays.
Toutefois Le Jeune n'est pas complètement oublié, il est inscrit dans la toponymie canadienne,
puisqu'il existe en Colombie Britannique, sur Kamloops, pas très loin, à 37 km par la route,
une "municipalité" appelée Lac Le Jeune, ainsi qu'un parc provincial appelé aussi "Lac Le Jeune".

http://www.laclejeune.ca/

Webcam ici :
http://www.laclejeune.ca/webcam.html

Vous pourrez y loger dans un hôtel pas trop cher malgré son nom à rallonge, le Hotel Lac Le Jeune Resort, en face du lac
("balcons", "vues magnifiques"), "un emplacement magique calme et tranquille, un endroit où les poissons sautent la surface du lac,
où vous pourrez faire du canoë, où les huards grimpent et où la faune est généreuse". Ça aurait plu au père Le Jeune.
Pour pêcher, s'équiper ici (le patron n'a pas l'air très sportif, mais s'occuper d'un magasin vous sédentarise son homme) :
http://www.kamloopsflyshop.com/

Bon, au fait, me direz-vous.

Après ces détours touristiques et halieutiques alléchants, renouons le fil de notre histoire.
Ayant maîtrisé le chinook jargon, l'énergique père Le Jeune décida de doter aussitôt cette langue d'une écriture.
Ça, c'est un classique chez les missionnaires et ethnologues. Mais là où Le Jeune a fait fort, c'est que cette écriture n'était autre...
que la bonne vieille sténographie Duployé (invention d'un autre ecclésiastique français),
que Le Jeune avait probablement apprise au séminaire (en ce temps-là, on instruisait sérieusement
les jeunes gens). Idée de génie, non ?

Sur ce site du Forum du Petit sténographe, fred a déjà signalé en 2007 l'utilisation de la Duployé
pour le "chinook" (voir aussi vanisaac 2009), à côté de pas mal d'autres langues.
Mais il faut bien voir que l'application de la Duployé au danois ou à l'italien diffère complètement
de l'application de la Duployé au chinook jargon, puisque Le Jeune l'a, innovation extrêmement hardie,
et peut-être unique au monde (mais qui sait ?) carrément utilisée, directement, comme écriture normale de la langue.
Un auteur a pu ainsi parler des "Indiens sténographes", mais en fait ces Indiens ne connaissaient que cela,
la sténographie Duployé, puisque c'était tout simplement leur écriture pour la langue d'échanges.
Mais cette fois-ci sans visée tachygraphique particulière.

Sur le Kamloops Wawa :

http://en.wikipedia.org/wiki/Kamloops_Wawa

Le Jeune a publié divers ouvrages listés ici :
http://www.abcbookworld.com/view_author.php?id=5611
Aussi, Studies on Shuswap, Kamloops, 1925.

Practical Chinook Vocabulary, de Le Jeune, entièrement en ligne,
mais en caractères latins :
http://www.canadiana.org/view/15489/0003

Plus intéressant, le Chinook Vocabulary de Le Jeune, entièrement en ligne, en Duployé :
http://www.canadiana.org/view/15474/0003

Et aussi l'ouvrage Our Lady of Lourdes de Le Jeune, entièrement en ligne, en Duployé :
http://www.canadiana.org/view/15474/0003

Voir aussi l'illustration de la première page du Kamloops Wawa dans le Handbook de Sturtevant, page 127.
Aussi :
http://news.usask.ca/archived_ocn/04-feb-20/news05.shtml
http://www.archive.org/stream/cihm_15993#page/n5/mode/2up
http://scaa.sk.ca/ourlegacy/solr?query=Subject%3A%22Churches%20--%20Roman%20Catholic%22%7
CSubject%3A%22Language%20and%20Linguistics%20-%20Chinook%20Jargon%22&start=0&rows=10&mode=view&pos=7

A Kamloops, Le Jeune lit en 1910 à Sir Wilfrid Laurier, premier ministre du Canada, un discours de doléances,
rédigé par James Teit absent (un Ecossais défenseur des Indiens marié à une Indienne) au nom des Indiens Shuswap :
http://www.shuswapnation.org/news-and-meetings/memorial.html
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fred



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MessagePosté le: Mar 11 Oct 2011 3:30 pm    Sujet du message: Répondre en citant

L’initiative de Le Jeune, pour extraordinaire qu’elle paraisse aujourd’hui, ne devrait pas étonner les Duployens : en effet, elle se place dans la pure lignée de ce que Duployé lui-même espérait pour l’avenir, à savoir l’expansion de son écriture au monde entier en tant que remplaçante de tous les alphabets ! Par conséquent, doter une langue sans alphabet de l’écriture Duployé, c’est tout simplement suivre les désirs du révérend abbé. Et notez bien qu’on ne parle pas de « sténo Duployé », mais bien d’écriture, puisque l’« intégrale » a très rapidement montré qu’elle pouvait tenir ce rôle, et a été présentée comme telle dans de multiples publicités, en particulier pour l’éducation des illettrés.
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mttiro



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MessagePosté le: Mar 11 Oct 2011 4:59 pm    Sujet du message: Ecriture et sténographie Répondre en citant

Oui, c'est vrai, ce que vous venez de dire. Duployé n'était d'ailleurs pas le seul
à penser que la sténographie pouvait être une forme d'écriture d'avenir.
Mais ça n'a pas du tout tourné de cette manière-là, et au fond,
quand on voit à quel point la plus petite réformette orthographique se heurte
à des résistances soit farouches soit d'inertie, on comprend à quel point, jusqu'ici,
les rêves de sténographe sont été chimériques.

Atatürk est arrivé à changer l'écriture ru turc pratiquement du jour au lendemain, des caractères arabes vers les caractères latins,
mais il n'a pu réussir que parce que la très grande masse des Turcs était illettrée,
en sorte que les protestations des lettrés conservateurs ne représentait pas grand chose statistiquement.
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fred



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MessagePosté le: Mar 11 Oct 2011 9:59 pm    Sujet du message: Répondre en citant

C'est aussi ce qui s'est passé avec le vietnamien. Indépendamment des raisons politiques, c'est le fait que la population était illettrée dans sa plus grande part qui a favorisé l'adoption des caractères latins au dépens des sinogrammes.
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MessagePosté le: Mer 12 Oct 2011 6:14 am    Sujet du message: Répondre en citant

Il faut dire aussi que l'écriture Sino-vietnamienne est très compliquée :il faut accoler un signe chinois qui évoque le sens à un signe chinois qui évoque le son. Ça donne des idéogrammes encore plus compliqués que ceux du chinois et on est toujours dans la référence à l'ancien colonisateur… http://j.poitou.free.fr/pro/html/cjk/viet.html
L'adoption de l'écriture latine a effectivement permis une alphabétisation au prix d'une surcharge des signes diacritiques (on a souvent deux accents sur la même voyelle)
_________________
http://perso.wanadoo.fr/lepetitstenographe
https://www.facebook.com/groups/170961071494/
http://www.facebook.com/yvon.bourles
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mttiro



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MessagePosté le: Mer 12 Oct 2011 8:55 am    Sujet du message: Japonais Répondre en citant

A propos du vietnamien : le système japonais est également complexe, car massivement mixte : caractères chinois + syllabaire.

Par exemple, pour un verbe, la racine verbale est notée avec un signe d'origine chinoise (kanji)
à valeur de logogramme. Puis les désinences de la conjugaison sont notées avec les signes
d'un syllabaire kana (okurigana).

Par exemple "a / ont mangé" (pas de distinction singulier / pluriel) : tabemashita, constitué ainsi :
racine tabe- du verbe taberu (manger)
désinences : -mas- (désinence de politesse) puis -ita (désinence de passé)

Donc dans l'écriture :
un caractère logographique pour "tabe", suivi de trois caractères syllabiques pour -mas-ita,
découpé en ma + shi + ta

http://en.wikipedia.org/wiki/Okurigana
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mttiro



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MessagePosté le: Mer 12 Oct 2011 8:56 am    Sujet du message: Ecritures de langues d'Amérique du nord, suite Répondre en citant

J'ai été prudent dans mon message ci-dessus, s'agissant du caractère unique ou pas de l'innovation du père Le Jeune.
Pour être aussi complet que possible sur l"impact de la sténographie à propos des Indiens d'Amérique du nord,
j'ajoute maintenant une nouvelle section, n° 4, à mon petit exposé d'hier 11 octobre.
C'est un peu tortueux, mais je n'y peux rien. Réjouissez-vous, vous allez tout savoir sur le micmac,
et même des choses que vous n'aviez peut-être pas tellement envie de savoir.

4) Le micmac

Sur la côte nord-est de l'Amérique, cette fois, essentiellement au Canada, se trouve la nation des Micmacs.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Micmacs
http://en.wikipedia.org/wiki/Mi%27kmaq_people

Au XIXe siècle, Silas Tertius Rand (1810-1889), missionnaire baptiste doué d'une grande culture linguistique,
a établi des traductions de textes de la Bible. Il a utilisé pour une partie de ces travaux ce qui est présenté
comme un "alphabet phonétique Pitman", pour l'anglais et pour le Micmac.

D'après ce que je vois, il s'agit d'un alphabet de type latin avec lettres spéciales, permettant une notation phonético-phonologique.
Mais il ne s'agit pas du tout d'une notation dans le système sténographique Pitman, comme l'avancent certains textes sur Internet,
que le nom de Pitman induit sur une mauvaise piste. C'est pourquoi, si Rand est un innovateur remarquable,
il n'est pas vraiment un prédécesseur de Le Jeune.

Cet alphabet est une des très nombreuses variantes successives d'alphabet phonétique conçues
par Isaac Pitman et Alexander John Ellis, depuis le "Phonotypic Alphabet" jusqu'au "ethnical alphabet,
or alphabet of nations" (1848), et qui comptent parmi les prédecesseurs de l'actuel Alphabet Phonétique International.
Voir la page de titre du Nouveau Testament (en anglais j'imagine) :

Nouveau Testament en alphabet phonétique Pitman, 1849, page de titre avec inscription manuscrite de Rand
On voit que l'"impression" est due à Alexander John Ellis lui-même
http://openarchive.acadiau.ca/cdm4/item_viewer.php?CISOROOT=/Rand&CISOPTR=179&CISOBOX=1&REC=2

Sur l'alphabet phonotypique, voir par exemple l'ouvrage d'Ellis, A Plea for Phonotypy, publié chez Isaac Pitman, Bath 1845
http://www.archive.org/stream/pleaforphonotypy00elliiala#page/n3/mode/2up

Ceci étant, Rand connaissait bien le système sténographique Pitman, et il l'utilisait pour son journal privé,
comme indiqué page 3 dans la monographie qui lui a été consacrée dix ans après sa mort par Jeremiah S. Clark en 1899.
Mais encore une fois, ceci doit être soigneusement distingué de l'usage public que Rand faisait
de l'alphabet phonétique Pitman (voir dans Clark pages 5, 15) :
http://www.archive.org/stream/cihm_00663#page/n1/mode/2up

Sur Rand :
http://en.wikipedia.org/wiki/Silas_Tertius_Rand
http://www.biographi.ca/009004-119.01-e.php?&id_nbr=5786
http://library.acadiau.ca/archives/research/acadia_archives/Rand_Silas.pdf

Quelques publications de Rand :

La Genèse traduite en micmac, publiée chez Pitman en 1857, référence bibliographique ici :
http://catalogue.nla.gov.au/Record/2880588

Actes des Apôtres, 1863, publié chez Pitman, référence bibliographique
http://www.alsatica.eu/fr/alsatica/bnus/Tan-Teladakadidjik-Ap-o-stal-e-widjik-d-e-Akts-ov-d-e-Aposelz-in-Mikmak,1-1263156.html

Je dois maintenant ajouter que, historiquement, la situation pour les Micmacs est vraiment très compliquée
et ne doit pas prêter à confusion.

a) Au XVIIe siècle, un missionnaire jésuite signale l'existence d'une écriture autochtone chez eux.
Ce sont les fameux "hiéroglyphes" micmac. Il y a en fait un débat entre spécialistes sur la question de savoir
si on a là un véritable système d'écriture, ou bien un emploi de pictogrammes comme aide à la mémoire.
Ou comme permettant des messages non systématisés, comme cet exemple attesté dans une autre zone amérindienne :
gravure d'un homme à la renverse et d'un cheval sur un rocher à flanc de montagne = avertissement :
attention passage périlleux pour un cavalier. Dans ce dernier cas ce ne serait pas plus une écriture que nos panneaux Attention école.

http://en.wikipedia.org/wiki/M%C3%ADkmaq_hieroglyphic_writing

b) Par ailleurs diverses notations alphabétiques ont été proposées pour le micmac. Au XIXe siècle, un capucin,
le Père Pacifique (1863-1943), avait amélioré un alphabet que les Micmacs auraient mis au point eux-mêmes au XVIIe siècle.
Par ailleurs Pacifique a écrit en français une grammaire du micmac considérée comme de grande qualité.
De plus, en 1894, Silas T. Rand déjà nommé a mis au point une notation du micmac en écriture alphabétique,
mais elle n'a pas connu le succès ; et, si je comprends bien, ce système est à distinguer de sa notation
en alphabet phonétique Pitman. Enfin, actuellement, le micmac s'écrit avec un autre système alphabétique
conçu en 1974 et adopté officiellement en 1980 (Smith-Francis orthography). Il existe aussi une variante
de notation orthographique légèrement distincte pour la communauté Listuguj (Québec),
une subdivision de la nation Micmac, peut-être simplement due à des différences de prononciation, en tout cas sans différences de signes.
http://www.wikitau.org/index.php5/Pacifique_de_Valigny
http://capebretonsmagazine.com/modules/publisher/item.php?itemid=2591
http://www.omniglot.com/writing/mikmaq.htm
http://en.wikipedia.org/wiki/Mi'kmaq_language

Pour les différentes notations, voir la section "Writing system" sur
http://en.wikipedia.org/wiki/Mi'kmaq_language

c) A cela s'ajoute la notion antérieure en alphabet phonétique Pitman de Silas Rand.

Enfin, en plus, petite énigme de la "Micmac shorthand " ?

http://www.flavinscorner.com/shorthand.htm
et, en fin du document :
http://www.muiniskw.org/pgCulture4a.htm
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mttiro



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MessagePosté le: Mer 12 Oct 2011 12:51 pm    Sujet du message: Ajout sur Le Jeune Répondre en citant

Ajout à ma présentation de Le Jeune :

Je vais voir sur Internet Archive, et je tombe sur ceci :
http://www.archive.org/search.php?query=duployan%20%22le%20jeune%22

En regardant ces publications, j'apprends donc que, en plus du chinook jargon,
Le Jeune a également noté en Duployé deux autres langues, le shuswap et le thompson,
appartenant à la famille linguistique salish, sous-groupe "Northern Interior Salish",
donc distincte de la famille chinookan, qui a donné le fond du chinook jargon.

Le shuswap est une langue en voie de disparition :
http://en.wikipedia.org/wiki/Shuswap_language

Le thompson :
http://en.wikipedia.org/wiki/Thompson_language

Le Jeune a donc noté en Duployé non pas une, mais trois langues.

On peut penser que le système Duployé, vu son raffinement phonétique d'origine,
était spécialement bien adapté à cette entreprise.
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mttiro



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MessagePosté le: Jeu 13 Oct 2011 1:16 pm    Sujet du message: Analyse linguistique de la Duployé Répondre en citant

J'ai dit ci-dessus du bien du raffinement phonétique du système sténographique Duployé.
Je développe longuement ce jugement ici :

http://forumsteno.vosforums.com/post4142.html#4142
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mttiro



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MessagePosté le: Mer 08 Mai 2019 9:54 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Voir aussi cet article de Chris Harvey 2003 :

http://www.languagegeek.com/syl/syllabics.pdf
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