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Utilisations diverses des tachygraphies et sténographies
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mttiro



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MessagePosté le: Mer 08 Mai 2019 11:08 am    Sujet du message: Utilisations diverses des tachygraphies et sténographies Répondre en citant

Toute tachygraphie, y compris les sténographies, peuvent avoir plusieurs utilisations. Je regroupe ici par commodité des morceaux de divers posts passés figurant ici ou là sur ce forum.

A - Utilisations professionnelles

A1 - l’utilisation majeure et maximale, qui est la transcription fidèle, intégrale, mot à mot, des propos d’autrui, comme chez les sténographes puis les sténotypistes professionnels, dans les églises autrefois pour recueillir les sermons, dans les tribunaux, les assemblées parlementaires, les entreprises et les institutions diverses, syndicats un autres (notes fidèles des propos tenus dans les réunion) ; une utilisation plus récente est le sous-titraient en direct sur les écrans de télévision par exemple.
https://clesdelaudiovisuel.fr/Pratiquer/Utiliser-l-audiovisuel-numerique/Le-sous-titrage-a-destination-des-personnes-sourdes-ou-malentendantes

A2 - l’utilisation professionnelle par quelqu’un qui prend verbatim (à vitesse spécialement adaptée) une lettre, un mémorandum, des morceaux d’un roman, etc., qui est dicté par un responsable dans une entreprise, et même par un écrivain (Dostoïevsky, par exemple) ;

A3 - (chez des journalistes en particulier), la transcription soigneuse et verbatim des sections des propos d’autrui (mais pas de l’intégralité de ses propos) ; en 2019, des journalistes britanniques utilisent encore la Teeline (1968) à cet usage.
La transcription fidèle, totale ou partielle, de ce qui a été dit sous la forme exacte où ça a été dit, est ici impérative.

B - l’utilisation comme prise de notes sélective (pour un cours ou une conférence en particulier) ; dans cet utilisation, il est en général contre-indiqué de noter l’intégralité du cours ;

C - l’utilisation privée pour rédiger le premier jet manuscrit d’un ouvrage, y compris littéraire ; cette situation ne devait pas être très répandue, mais on connaît le cas de Bernard Show, dont les pièces ou les essais sociologiques et politiques étaient typiquement écrits directement en sténographie Pitman, puis tapés à la machine par sa secrétaire à partir de ce manuscrit initial ;

D - l’utilisation privée pour noter des idées qui viennent, mais non pas pour noter ce que dit autrui ; il peut s’agir de réflexions, de notes préparatoires pour des conférences ou des cours, ou bien de la tenue d’un journal ;

E - l’utilisation plus ou moins ludique dans une correspondance, notamment sur carte postale ;

F - l’utilisation privée par bribes ou de façon plus poussée aux fins de discrétion, sur des sujets jugés délicats.

Ces 8 classes d’utilisation des tachygraphies sont bien attestées dans le passé. Selon la classe, les contraintes peuvent varier : vitesse d’écriture, facilité de relecture avec un long délai, surface couverte sur le papier.


Notamment dans les posts concernant la Gabelsberger (sur les fils qui lui sont consacrés, ou sur le fil concernant le utilisateurs célèbres des tachygraphies), j’ai insisté sur un fait pas toujours connu des Français, celui de son enseignement dans les lycées de l’Allemagne impériale et de l’Empire austro-hongrois. Certains des apprenants ont conservé ensuite l’habitude de s’en servir, en particulier pour leur journal, pour les notes préparatoires à leurs cours, pour divers papiers privés. Par exemple Gödel, Husserl, Schumpeter, et pas mal de physiciens, de mathématiciens, etc.

Les utilisations apparaissent ainsi beaucoup plus diversifiées que ce qu’on imagine souvent, en particulier en France, car la France est un pays qui n’a pas connu les mêmes traditions pédagogiques que le monde germanique (en France, on ne soignait pas la sténo dans les grands lycées classiques servant à la formation des élites, contrairement à ce qui s’est passé en Europe centrale). Du coup, évidemment, les contraintes ne sont pas les mêmes, spécialement pour ce qui concerne la vitesse.

Si vous utilisez une sténo pour les utilisations C et suivantes, d’abord il est clair que la vitesse est un facteur très intéressant, mais, me semble-t-il, pas la très grande vitesse requise d’un professionnel prenant la parole volante.

Shaw explique que le premier jet de ses œuvres est toujours rédigé en sténographie Pitman. Cependant il n'utilise pas les abréviations, contractions et blocages qui ont été rendus nécessaires pour la sténographie à grande vitesse. Il y a renoncé depuis longtemps, tout simplement parce que ça ne correspond pas à ses besoins (il ne peut pas écrire plus vite qu'il ne conçoit son texte !), et cela ne fait que troubler sa secrétaire, qui a appris la sténo pour lire Shaw. Il est préférable pour lui d'écrire le mot complètement.


Je rappelle ici une observation de Shaw que j'ai signalée ailleurs, et que je crois judicieuse. Il estimait que l'obsession généralisée de la grande vitesse avait été dommageable pour la diffusion large de la sténographie, en contractant artificiellement l'éventail des utilisations possibles suivant les besoins diversifiés.

Les sténographes parlementaires, et, aux Etats-Unis, les sténographes judiciaires, ont occupé le haut du pavé. C'étaient les seigneurs de la profession. Ils étaient capables de hautes vitesses, frayaient avec le monde politique, ils étaient les truchements de la parole démocratique. Ils ont donné le ton. Apprendre la sténographie "sérieusement", ça supposait d'essayer de les imiter, même de loin. Les recueils d'abréviations étaient truffés de termes utiles à de tels praticiens, moins à d'autres. En-dessous, les utilisateurs de la sténo commerciale, seigneurs de moins haut lignage. Le reste ne comptait plus, c'était la roture.

Le sténographe suisse Charles Kreis, auteur d'une adaptation de la sténographie allemande Stolze-Schrey-Velten au français, avance ceci en 1900, avis anti-puriste qui n’est pas une position si répandue que ça dans la profession :

"En France, on définit communément la sténographie "l'art d'écrire aussi vite que l'on parle". C'est une définition inexacte, car elle ne s'applique qu'à une sténographie spéciale : la sténographie que l'on désigne aujourd'hui sous le nom de sténographie parlementaire.

La sténographie parlementaire correspond bien au but qu'elle se propose, en permettant de suivre la parole des orateurs, mais elle ne répond qu'à ce but; car on ne peut arriver à écrire avec la rapidité exigée dans ce cas particulier qu'à la condition d'employer des moyens d'abréviation qui détruisent la précision ou la netteté de l'écriture, tout en rendant la pratique de cette écriture très difficile dans la plupart des cas.

La généralité des traités de sténographie française qui ont été publiés jusqu'à ce jour étant des traités de sténographie parlementaire, visant avant tout la vitesse qui permet de suivre la parole, nous nous sommes proposé de créer, à côté de cette sténographie, une sténographie populaire, facile, accessible à tous et pouvant réellement rendre des services à tous ceux qui écrivent beaucoup, en conciliant la rapidité de l'écriture sténographique avec la précision et la netteté qu'elle doit conserver pour pouvoir être utilement substituée à l'écriture ordinaire.
[...]
L'expérience nous a démontré que notre sténographie répondait parfaitement aux besoins de la correspondance et à toutes les exigences de la dictée rapide. Une des qualités de notre écriture étant d'être très lisible, elle peut être utilisée avec avantage pour la rédaction de notes rapides, de brouillons, d'extraits de documents, etc. "

Charles Kreis, Cours complet de phono-sténographie française, 2e édition, 1900 (lisible sur archive.org).


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mttiro



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MessagePosté le: Mer 08 Mai 2019 11:34 am    Sujet du message: Une fausse utilisation de la Pitman Répondre en citant

On mentionne parfois des utilisations atypiques de la sténographie qui appellent une certaine prudence. La vérification montre sa nécessité.

Ainsi je lis ceci : « Similarly, while the ‘Phonetic Sunday Schools’ that Pitman imagined would be central to the education of children in phonetic literacy seem never to have been established, phonographic shorthand was nevertheless used on the mission field to produce the first written records of un-transcribed languages, including Bengalee, Tongan, and Malagasy. There were also reports that the system was used to take notes in the Chinese Parliament ».

https://www.english.cam.ac.uk/cmt/?p=5057

La formulation laisse croire que, avant qu’un Occidental ne vienne sur place noter en sténo Pitman le bengali, le tongien, le malgache, ces langues ne disposaient d’aucune notation écrite. Dans ces trois cas, rien n’est plus faux.

Le bengali classique avait évidemment une écriture typique des écritures pour les langues indo-européennes des Indes, de type dévanagari, et cela depuis près d’un millénaire. Il est vraiment naïf de s’imaginer que les Bengalis aient eu besoin d’attendre les promoteurs de la Pitman pour voir enfin des traces écrites de leur langue.

Le malgache avait parfois été écrit avec l’alphabet arabe, et l’écriture moderne a été instituée en alphabet latin en 1823.

Quant au tongien, le missionnaire wesleyen Nathaniel Turner est arrivé à Tonga en 1828, il conçut une notation de la langue en alphabet latin, et lui et son collègue Cross établirent une école en 1829. Une presse d’imprimerie était en place dès 1831.

Vu que le système sténographique d’Isaac Pitman (lui-même un fervent swedenborgien, au passage) date de 1837, on voit que personne n’a attendu les zélateurs de la sténographie pour écrire le bengali, le malgache, le tongien.
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mttiro



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MessagePosté le: Mer 08 Mai 2019 1:38 pm    Sujet du message: Écritures inspirées de signes de sténographie Répondre en citant

Je renvoie à la rubrique Écritures de langues d’Amérique du Nord et sténographie pour des cas où des systèmes d’écriture ont été inspirés de systèmes sténographiques.
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mttiro



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MessagePosté le: Mer 08 Mai 2019 2:38 pm    Sujet du message: Petite annonce en sténographie Gregg Répondre en citant

Un usage exceptionnel de la sténographie (Gregg) dans un journal américain en 1946 : annonce pour recruter des sténographes.

https://www.stjo.hn/the-mystery-of-the-stranded-shorthand/
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mttiro



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MessagePosté le: Ven 10 Mai 2019 2:33 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Pratiquement depuis les débuts de la tachygraphie moderne, il était reconnu, au moins en Angleterre, qu’elle pouvait servir comme écriture personnelle.

Ainsi William Molyneux écrit ceci à John Locke en 1693 :

« One thing more I shall venture to add to what you direct concerning writing; that is, I will have my son taught shorthand; I do not mean to that perfection as to copy a speech from the mouth of a ready speaker, but to be able to write it readily, for his own private business. Believe me, sir, it is as useful a knack as a man of business, or any scholar, can be master of, and I have found the want of it myself, and seen the advantage of it in others, frequently ».

https://oll.libertyfund.org/titles/locke-the-works-vol-8-some-thoughts-concerning-education-posthumous-works-familiar-letters/simple
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MessagePosté le: Ven 10 Mai 2019 9:56 pm    Sujet du message: Delaunay Répondre en citant

Albert Delaunay exprime ce témoignage sur une certaine attitude française envers la sténographie :

« Indépendamment du caractère personnel de Prévost, nature délicate, mais toujours hésitante, je crois apercevoir ici un motif particulier qui a pu agir fortement sur lui : il a vécu constamment au milieu des sténographes de nos deux chambres législatives, dont quelques-uns étaient, comme lui, d'éminents praticiens, mais qui tous ou presque tous ont toujours été très-peu soucieux, pour ne pas dire ardents adversaires de la vulgarisation de l'art sténographique. Subissant malgré lui celte pernicieuse influence, entendant dire sans cesse par des sténographes que l'habileté sténographique était une affaire toute personnelle, qu'en somme cet art, au point de vue pratique, devait, en France, rester le privilège de quelques capacités hors ligne,
il avait presque fini par le croire! J'ai pu, encore à temps, lui démontrer le contraire par des faits positifs.

Un jour, je lui ai présenté quarante élèves de mes classes des lycées Henri IV et de Versailles, je lui ai soumis leurs travaux, et mes élèves ont sté nographié la parole, sous ses yeux, d'après sa méthode perfectionnée par nous. L'année suivante, je lui en ai amené quatre-vingts de ces deux lycées, du lycée Louis-le-Grand et du collège Stanislas : les documents étaient plus nombreux, et les épreu ves ont été renouvelées devant lui et devant d'au tres témoins compétents sur une plus large échelle.

J'ai consigné, à cette époque, en 1867 et 1868, dans une brochure spéciale ('), les détails de cet ensei gnement et de ces épreuves décisives, confirmées du reste, depuis, par des succès publics notoires; on pourra lire, dans cette brochure, la lettre que mon maître m'a écrite, à la suite de ces deux grands jours pour notre méthode : « Par les progrès rapides, qu'ont réalisés vos élèves, me disait-il notamment, j'ai senti que, pro pagé avec talent et conviction, l'art sténographique peut, en se généralisant, rendre de grands services EN DEHORS DE SES APPLICATIONS PROFESSIONNELLES. »

Le grand artiste, le sténographe incomparable, que nous saluons comme notre maître , est donc avec nous, et c'est sous ses auspices que nous essayons tous de continuer sa belle œuvre. Quant aux causes qui m'ont empêché de pour suivre dans les lycées l'enseignement , d'ailleurs entièrement désintéressé, que j'y avais commencé, je les ai fait connaître publiquement en vingt en droits, et ce n'est pas le lieu de rentrer ici dans ces détails. Le seul point important, c'est que la mé thode n'y est pour rien : j'ai fait, non sans succès, six classes en deux ans dans les lycées ; mon ensei gnement, s'il eût continué, aurait aussi bien réussi dans six autres, l'année d'après que l'année d'avant, et sous tel ministre que sous tel autre.

Albert Delaunay, Cours de sténographie, 1878, pages IV-VI. (Google Books)

On observera avec mélancolie que ce qui a été réussie dans le monde germanique, l’enseignement de la sténographie dans les lycées, n’a pas réussi en France.
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mttiro



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MessagePosté le: Sam 11 Mai 2019 11:35 am    Sujet du message: Hippolyte Prévost Répondre en citant

Il est frappant d’observer que, à date ancienne, la sténographie n’était pas du tout présentée, même en France, comme une technique pratiquement réservée à la notation de la parole volante (« La sténographie est l’art d’écrire aussi vite que l’on parle » étant la formule liminaire obligée, dangereuse si on en reste là).

C’est plutôt par une restriction puriste ultérieure qu’on en est venu parfois à regarder avec condescendance des usages moins experts et pourtant non moins utiles dans leur genre, voire bien plus utiles quant à leur impact social. L’obsession de l’idéal que constitue le sténographe parlementaire ou judiciaire a fini par nuire à la diffusion de la sténographie.

Voyons ce qu’écrit nul autre qu’Hiipolyte Prévost (Nouveau système de sténographie, 3e édition, 1828, page 4). On va voir que pour lui la sténographie est destinée à servir à quasiment tous les usages auxquels l’écriture courante est elle-même faite pour servir.

« Cet art n'est pas seulement appelé à recueillir les improvisations de la tribune; il peut recevoir un bien plus grand nombre d'applications : il est susceptible d'être employé dans la plupart des cas où l'on se sert de l'écriture usuelle, et avec d'immenses avantages.

Ainsi le savant, l'homme de lettres qui passent un temps infini à écrire ou à recopier leurs compositions et auxquels la lenteur de l'écriture fait souvent perdre , dans les momens de verve et d'enthousiasme, leurs plus belles inspirations, pourront suivre avec la plume la rapidité de leur pensée; s'ils ont besoin de faire quelques extraits de livres ou de manuscrits existans dans des bibliothèques nationales ou étrangères, ils obtiendront en une heure ce qui leur en aurait demandé six ou huit ».
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mttiro



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MessagePosté le: Mer 22 Mai 2019 8:18 am    Sujet du message: Répondre en citant

Un article de Delphine Gardey sur les sténographes parlementaires de 1848 à 2005 :

http://masterpdi.free.fr/CMDB/Gardey-Sociodutravail.pdf
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mttiro



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MessagePosté le: Mer 22 Mai 2019 8:46 am    Sujet du message: Répondre en citant

Lorsque, en 1819, William Gawtress publie sa version de la sténographie Byrom (A Practical Introduction to the Science of Shorthand, lisible sur Google Books), son introduction énumère les avantages de la sténographie.

Or il indique très vite que celle-ci ne sert pas uniquement à noter la parole volante, cours, conférences, sermons, etc., mais aussi à prendre des notes de lecture, et à conserver commodément les idées fugitives qui vous traversent l’esprit et risqueraient d’être perdues.

Cette défense et illustration de la sténographie a été reproduite in extenso par Isaac Pitman dans The Reporter, 1846, ce qui montre l’importance que Pitman attachait lui aussi aux usages variés de la sténographie.

« The facility it affords to the acquisition of learning ought to render it an indispensable branch in the education of youth. To be enabled to treasure up for future study the substance of lectures, sermons, &c, is an accomplishment attended with so many evident advantages, that it stands in no need of recommendation.

Nor is it a matter of small im portance, that by this art the youthful student is furnished with an easy means of making a number of valuable extracts in the moments of leisure, and of thus laying up a stock of knowledge for his future occasions. The pursuit of this art materially contributes to improve the student in the principles of grammar and composition, while studying the rules of abbreviation and connexion : while tracing the various forms of expression by which the same sentiment can be conveyed ; and while endeavouring to represent, by modes of contraction, the dependance of one word on another, he is insensibly initiated in the science of universal language and particularly in the knowledge of his native tongue.

The rapidity with which it enables a person to commit his own thoughts to the safety of manuscript also renders it an object peculiarly worthy of regard. By this means a thousand ideas which daily strike us, and which are lost before we can record them in the usual way, may be snatched from destruction, and preserved till mature deliberation can ripen and perfect them ».


Dernière édition par mttiro le Ven 24 Mai 2019 7:02 am; édité 1 fois
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fred



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MessagePosté le: Mer 22 Mai 2019 9:37 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Comme la sténo française a été surtout une question de professionnels, enseignée aussi dans l'intention de former des professionnels, les méthodes n'avaient pas pour dessein de parler des dilettantes, folâtrant avec la sténo pour noter leurs idées poétiques ou leurs listes de courses.

Les Anglais et les Allemands ayant une autre conception de la sténo que nous, pouvaient se le permettre. Comparer nos particularités sténographiques, c'est comparer nos cultures.

Ce qui est intéressant, ce n'est pas tant de constater le fait, que de se demander ce qui a présidé à ce choix national.
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mttiro



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MessagePosté le: Ven 24 Mai 2019 7:26 am    Sujet du message: Répondre en citant

D’après les lectures que j’ai pu faire, la France se distingue par rapport aux autres pays, en tout cas pour ce qui est des mondes anglophone et germanophone. Ceci étant, comme noté plus haut, Delaunay avait une vision beaucoup plus ample, et regrettait l’échec de sa généreuse entreprise lycéenne (on comprend qu’il donnait une formation gratuite). Les Duployéens sans doute aussi, d’après ce qu’on voit de leur activisme général.

Ainsi les deux grands systèmes dominants avaient des concepteurs aux idées larges et, pour employer un mot d’aujourd’hui, « démocratiques ». Mais ça n’a pas vraiment pris.

La contraction des objectifs a pu s’opérer surtout au XXe siècle, où la sténographie est devenue en bonne partie, pour ce qui est des effectifs des praticiens, une affaire de femmes secrétaires sténo-dactylographes. Le côté « missionnaire culturel » est très lisible au XIXe siècle, tant chez les Anglais que même chez les Français, quoique de façon bien moins répandue. Il retombe ensuite.

J’ignore quelles sont les raisons profondes.

Il peut s’agir d’une bifurcation due à un hasard historique. Supposons que tel auteur ancien britannique ait, au XVIIIe siècle, insisté sur l’utilité d’en la sténographie pour les notes de lecture et les notes d’idées, et que, par imitation, ces propos aient été repris et transmis sur plusieurs générations.

Dans cette perspective, il n’y a pas lieu de postuler une divergence culturelle, mais simplement l’apparition aléatoire d’un carrefour, les uns prenant une route, les autres l’autre route, sans qu’il faille se laisser aller à une sur-interprétation.

Mais on peut conjecturer au contraire qu’il s’agit bien d’un effet local d’une cause profonde, une différence culturelle véritable.

On dirait alors, par exemple, que les Anglais sont moins élitistes, ou manifestent un plus grand sens pratique, ou explications de ce genre. Et on rapporterait cette différence à un cadre culturel général autre que le nôtre.

Je ne sais pas trop quelle est la bonne solution. Ou s’il y en a une autre.
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mttiro



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MessagePosté le: Ven 28 Juin 2019 10:46 am    Sujet du message: L’interview de Chevreul par Nadar, 1886 Répondre en citant

La première interview illustrée a été réalisée par Félix Nadar en juillet et août 1886 pour Le Journal Illustré, qui la publia le 5 septembre. Le grand chimiste Eugène Chevreul, alors âgé de presque 100 ans (il décédera à 103 ans), conversait avec Félix Nadar (alors âgé de 70 ans) devant l’appareil photographique. En trois séances, une dans l’atelier de Nadar, deux autres au Muséum, une centaine de photos furent prises par le fils de Nadar, Paul, trente ans.

http://expositions.bnf.fr/les-nadar/les-innovations

https://m.youtube.com/watch?v=Z6QNQrtOxpo

https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Fichier:Nadar_Chevreul.jpg

Il avait été prévu d’enregistrer les conversations avec un dispositif mécanique, le phonophone de Graham Bell, perfectionné par Clément Ader, mais cet appareil ne donna pas satisfaction.

On eut alors recours à un sténographe, fait que la plupart des historiens passent sous silence.

Pour certaines photos, on sait quel mot était prononcé par Chevreul, car le sténographe soulignait le sténogramme correspondant au moment de la prise de la photo. Je trouve cette information dans une citation du criminologue Alphonse Bertillon (dans un ouvrage sur la photographie judiciaire) par Benoît Peeters, auteur d’une communication dans un colloque de 1993 sur le roman-photo (publication de Baetens &alii, Rodopi, 1996).

Mais je trouve aussi ceci :

« Co-ordination between the recording of sound and image was effected by the calling of numbers, making it possible to match photographs closely with the words spoken at the time of exposure, as the captions on Figure 7.5 demonstrate ».

http://koyre.ehess.fr/docannexe/file/906/bigg_chevreul2.pdf

Le texte a été publié par Le Journal Illustré (L'Art de vivre cent ans. Trois entretiens avec Monsieur Chevreul), semble-t-il avec pas mal de remodelages de la part de Nadar. Le Journal illustré publia 13 photos sur l’ensemble.

Sur la réorganisation opérée par Nadar, on pourra trouver des détails ici :

http://oic.uqam.ca/fr/remix/insuffisances-photographiques-photographies-de-presse-au-xixe-siecle

Thierry Gervais y cite des études qui montrent que la rigueur de l’enregistrement des paroles par le sténographe a cédé que,que peu devant les réagencements journalistiques. J’ignore si des archives rassemblent tous les matériaux originaux, tant photographiques que sténographiques.

« Nadar effectue un travail de médiatisation minutieux dans la transcription de l’interview. D’abord, il opère une sélection de treize photographies parmi l’ensemble réalisé par Paul. Ensuite, il effectue le même travail avec les mots de Chevreul, retenant des différents entretiens des sujets qui lui importent particulièrement. Enfin et surtout, il s’octroie une très grande liberté dans les associations entre les images et les textes publiés dans Le Journal illustré.

L’historienne Geneviève Reynes [Gazette des Beaux-Arts, novembre 1981] a identifié trois entretiens distincts menés auprès du scientifique par Nadar et son fils qui apparaissent sous la forme d’un seul au final dans Le Journal illustré. Ensuite, l’historienne a tenté d’établir des liens entre les textes et les images, mais elle s’est très vite aperçue que l’entreprise était vaine, Nadar s’étant livré à des associations peu respectueuses de la chronologie des entretiens et ayant retenu des propos scientifique inexistants: «Les légendes de ces photos étaient distribuées au hasard: Chevreul prononce une phrase sur une photo; sur celle qui la suit on trouve des paroles qui ont été dites un autre jour et à un autre sujet. Si le texte de certaines photos est vraisemblable […] on se trouve confronté pour le plus grand nombre à des contradictions, des incompatibilités qu’on ne sait pas résoudre. Pire encore, plusieurs tirages d’une même photo ne portent pas le même texte, et inversement il arrive que la même phrase soit attribuée à deux photos différentes. Parfois il est impossible de retrouver dans le texte intégral des interviews, l’extrait qui figure sous le tirage». »

Si on est un peu rigoureux, on trouvera que Nadar a bousillé le travail du sténographe.
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MessagePosté le: Ven 28 Juin 2019 10:53 am    Sujet du message: Répondre en citant

Voici le passage de Bertillon :

« Tous les amateurs de Photographie connaissent
la belle série de clichés instantanés que M. Nadar
fils a réussi à prendre dans le cours d'une interview
avec Chevreul, lors des fêtes de son centenaire.
Sans préoccupation sur le maintien et l'expression,
en simples visiteurs, les personnes sont installées
en face l'une de l'autre, devisant tranquillement
sur des questions scientifiques et philosophiques
qui leur étaient le plus familières. Un sténographe,
adjoint aux opérateurs, enregistrait les paroles
échangées en soulignant le mot précis qui était pro-
noncé au moment de chacun des déclenchements
successifs ».

https://archive.org/details/laphotographieju00bert/page/6
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MessagePosté le: Ven 28 Juin 2019 11:24 am    Sujet du message: Répondre en citant

Dans une conférence de Paul Nadar en 1892, on lit ce passage amusant :

« Mais ce qu'il y a de plus extraordinaire, c'est que l'idéal humain consistant, dit-on, non dans la beauté physique, mais bien dans le développement des qualités intellectuelles, on ne voit jamais personne demander à ressembler à un savant ou à un homme de génie. Je ne crains pas la contradiction en disant même que nous préférerions tous encore avoir sur nos épaules la tête de notre coiffeur plutôt que celle de M. Chevreul par exemple. Et M. Chevreul lui-même, à son centenaire, n'était pas complètement exempt de prétentions. C'est ainsi que nous le voyons ici protester énergiquement contre les doctrines de Darwin, disant : « Moi, le fils d'un orang-outang, jamais ! »« 

http://classes.bnf.fr/les-nadar/conference3.htm
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MessagePosté le: Ven 28 Juin 2019 2:12 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Propos sténographiés d’écrivains du XIXe siècle.

« De cette parole engloutie par le temps, il ne reste à vrai dire pas grand chose, à proportion du volume émis. Un certain nombre d’extraits de conversations privées ont toutefois échappé au naufrage, sténographiées qu’elles furent par des secrétaires de circonstance, telles, pour ne citer que les plus célèbres, les conversations de Byron, les dialogues de Goethe avec Eckermann , les échanges de Hugo avec Paul Stapfer , ou les entretiens de Gautier avec Bergerat ».

[4]
Conversations of Lord Byron noted during a residence with his lordship at Pisa in the years 1821 and 1822, by Th. Medwin, London, H. Colburn, 1824.
[5]
Johann Peter Eckermann, Gespräche mit Goethe in den letzten Jahren seines Lebens, 1823-1832, Leipzig, F. A. Brockhaus, 2 vol., 1836 (Insel Verlag, 1992) ; Conversations de Goethe avec Eckermann, éd. Claude Roëls, trad. Jean Chuzeville, Gallimard, « Du monde entier », 1988 (Gallimard, 1949).
[6]
Paul Stapfer, Victor Hugo à Guernesey. Souvenirs personnels, Société Française d’Imprimerie et de Librairie, 1905 (rééd. in Victor Hugo, Œuvres complètes, éd. J. Massin, Club français du livre, 1967-1971, t. XIII).
[7]
Émile Bergerat, Théophile Gautier. Entretiens, souvenirs et correspondance, avec une préface de Edmond de Goncourt et une eau-forte de Félix Bracquemond, Charpentier, 1879.

https://www.cairn.info/revue-d-histoire-litteraire-de-la-france-2003-3-page-643.htm
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