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L'écriture abréviative de Scott de Martinville
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mttiro



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MessagePosté le: Jeu 13 Oct 2011 4:28 pm    Sujet du message: L'écriture abréviative de Scott de Martinville Répondre en citant

A la fin de l'Histoire de la sténographie de Scott de Martinville, pages 145-160, après avoir exprimé son scepticisme
à l'égard des ambitions annoncées des systèmes sténographiques qu'il connaît, sur lesquels il estime que les concepteurs
s'illusionnent de bonne foi, l'auteur, comme on pouvait s'y attendre (l'espérer ? le craindre ?) expose ses propres idées,
de façon précise mais assez laconique.

On peut ne pas être pleinement convaincu, mais on doit reconnaître que ses conceptions sont gouvernées
par des principes argumentés avec solidité et finesse. Je n'ai pas connaissance que, depuis 1849, elles aient recueilli un écho audible.
De plus, évidemment, après 1849, sont apparus des systèmes tachygraphiques supérieurs à ceux que Scott connaissait à cette date.
Il reste que les propositions de Scott méritent réflexion surtout dans la perspective d'une dissémination substantielle de l'outil tachygraphique.

Voici le résumé de son "Programme d'une écriture abréviative". Scott procède en deux temps.


A - Système abréviatif en caractères de l'alphabet latin

On peut obtenir une rapidité substantielle en utilisant les lettres latines ordinaires, en se fondant finalement en partie
sur l'orthographe courante, mais en procédant à des compactages pour les mots polysyllabiques. Pour ces derniers
on procédera à une analyse morphologique dans laquelle on isolera le radical du mot et ses affixes, préfixes ou suffixes.

Ceci fait, pour chacun de ces deux types de constituants, on établira une forme abrégée. Par exemple "gracieusement"
est analysé comme "gracieu(se) + ment". Le premier élément sera condensé en <grc>, le deuxième en <t>
(l'auteur donne l'exemple d'une liste de suffixes courants en bas de la page 153). Donc "gracieusement" sera compacté
sous la forme <grct> (ma reconstruction, car il ne donne pas cet exemple tel quel).

On tiendra compte du contexte pour lever des ambiguïtés. C'est ainsi que <gt>, qui pourrait être "galamment", "gravement",
"grossièrement", "gratuitement", etc., et aussi "gouvernement", mais dans le contexte "Empiéter sans cesse sur la liberté
est la tendance de tout <gt> despotique", seul "gouvernement" convient à l'entourage. Et même "Agir <gt> est le devoir de tout <gt>"
ne pourra être que "Agir grandement / généreusement est le devoir de tout gouvernement".

Les propositions concernant la notation des verbes sous leurs formes conjuguées diverses sont en revanche réservées,
je le crains, à des virtuoses de la grammaire (voir tableau d'exemples page 155). Il est même prévu une notation du féminin
pour le locuteur femme qui dit "je", "tu", "nous", "vous". Le français ne fait de distinction de genre que pour les troisièmes
personnes du singulier et du pluriel : "il", "elle", "ils", "elles". D'autres langues étendent cette distinction aux deuxième
et troisième personnes (hébreu), voire à la première (tokharien).

Scott de Martinville, qui n'est pas irréaliste, reconnaît que son système ne convient qu'aux personnes qui maîtrisent
la grammaire élémentaire. Je dirais même : aux personnes capables d'opérer facilement une analyse linguistique.
Il est vrai qu'il envisage des répertoires de radicaux et d'affixes.


B - Système abréviatif associé à une écriture alphabétique latine à tracé simplifié

La méthode abréviative dessinée ainsi se suffit à elle-même. Mais on peut aller plus loin en proposant des signes spéciaux.
Cependant Scott, qui était typographe, correcteur, et libraire, rejette les tracés de style géométrique, car "se rapprocher
autant que possible des formes de l'écriture usuelle, nous paraît un secours précieux pour la mémoire, en même temps
qu'un moyen d'étendre l'usage d'une écriture abrégée".

A cet effet, Scott propose un alphabet dont les signes sont des lettres inspirées de l'écriture appelée "ronde", en deux étapes
de simplification aboutissant à un stock de signes simples, permettant un tracé rapide lié. Il ne donne que l'exemple des lettres
de l'alphabet liées entre elles, mais aucun texte réel.

La proposition de Scott de Martinville ne s'inscrit pas dans la classe des sténographies, mais dans celle, nettement mois fournie,
mais qui doit être suivie avec attention, des écritures abrégées, type Speedwriting ou Système français d'écriture abrégée (SFAE).
Voir une comparaison (sans valeur scientifique) de divers systèmes américains ici :
http://keyscript.wetpaint.com/page/Alpha+Shorthand+Systems

Sur Scott de Martinville :
http://www.hervedavid.fr/francais/phono/Figuier%20merveilles.htm

On a envie d'en savoir plus sur le personnage quand on lit le titre de certains de ses ouvrages :

- Jugement d'un ouvrier sur les romans et les feuilletons à l'occasion de Ferrand et Mariette (1847)
- Les Noms de baptême et les prénoms (1857)
- Essai de classification méthodique et synoptique des romans de chevalerie inédits et publiés. Premier appendice
au catalogue raisonné des livres de la bibliothèque de M. Ambroise Firmin-Didot (1870)
- Le Problème de la parole s'écrivant elle-même. La France, l'Amérique (1878).


Dernière édition par mttiro le Ven 21 Oct 2011 8:28 am; édité 1 fois
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mttiro



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MessagePosté le: Dim 16 Oct 2011 11:05 am    Sujet du message: Scott de Martinville prolongé Répondre en citant

Les ouvrages, ou les sites Internet, dans lesquels on dispense des conseils de travail aux élèves et aux étudiants
(y compris par l'usage intelligent de méthodes mnémotechniques : un petit salut à Aimé Paris au passage)
contiennent généralement un plaidoyer pour l'usage d'abréviations dans la prise de notes. Ils recommandent
typiquement le recours à une liste toute faite (en général assez pauvre) et, pour le reste, ils se contentent
de faire allusion à des "abréviations personnelles" sur lesquelles rien de plus n'est dit.
Mais l'ingéniosité des intéressés est très variable, et, chacun étant de fait laissé à son sens de l'initiative,
l'efficacité des condensations doit se révéler être très variable d'un individu à l'autre.

Ceci étant, il semble que la prise de notes, par exemple de cours et conférences, peut se faire,
en allant du plus dispendieux au plus véloce, et en replaçant chaque technique dans un cadre général
d'une typologie des tachygraphies :
a) en reproduction intégrale si l'orateur a un tempo anormalement lent, ce qui est rare sauf dictée explicite
ou implicite (définitions, etc.)
b) en style télégraphique avec omission des petits mots outil
c) en style abrégé de bricolage personnel
d) en écriture abrégée normalisée, type Système français d'écriture abrégée (SFEA), Speedwriting et autres
e) en écriture sténographique plus ou moins avancée (de base, ou avec "métagraphie" poussée)
f) dans le style très particulier et un peu difficile à décrire des interprètes.

Avant de revenir sur le type (c), qui est l'objet de ce document, deux mots sur cette dernière pratique (f),
délicate à systématiser, et qui reste un peu confidentielle, confinée qu'elle est dans un étroit milieu professionnel.
Voir, rapidement :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Prise_de_notes_en_interprétation_consécutive
Avec beaucoup plus d'explications et de documents :
http://interpreters.free.fr/consecnotes/notes.htm

La technique de prise de notes en interprétation consécutive est très impressionnante pour qui a vu
opérer un professionnel (à titre d'essai, j'ai moi-même demandé à un interprète de noter la substance
de ce que je lui disais, selon sa manière personnelle, et le résultat s'est avéré vraiment impressionnant).
Dans l'ensemble, cette technique semble réservée à des virtuoses ayant subi un entraînement d'une exigence très poussée, les interprètes ayant de toute façon un esprit un peu plus rapidement assimilateur que la moyenne.
Néanmoins on devrait pouvoir en extraire quelques suggestions assimilables par tout un chacun.
Il y a probablement là un gisement modeste, mais bien réel, de procédés généralisables.
Seulement il s'agit de noter des "idées", et non pas l'expression verbatim de ce qui a été énoncé.
Ce qui suffit amplement dans beaucoup de cas, mais ne convient pas dans bien d'autres.
Reste qu'on peut éventuellement combiner des micro-techniques d'interprète avec d'autres techniques,
dans un bricolage qui ne satisfera pas l'esprit de système, mais qui pourra rendre de grands services.

Dans ma typologie informelle ci-dessus, graduée en six degrés, les usages (b) et (c) sont semi-spontanés,
"sauvages", peu explicités, et sans réflexion même élémentaire. Peut-être cela vaudrait-il la peine d'inspecter
de plus près ces pratiques, afin de les améliorer.

Et c'est là que peut rendre des services l'"écriture abréviative" de Scott de Martinville déjà signalée
à l'attention des lecteurs de ce forum, que je vais abréger (!) ci-dessous en EASM, ça fera plus chic.
Car au fond, ce dont traite Scott, c'est bel et bien de la pratique (c), qu'on observe partout
sous mille avatars anarchiques, et sans lui accorder l'attention qu'elle mérite au vu de sa fréquence
et de son utilité, utilité améliorable.

Cette écriture EASM est une systématisation du style abrégé sauvage résultant d'une double réflexion,
d'une part sur la structure morphologique des mots français, d'autre part sur l'efficacité des tachygraphies,
selon les conclusions analytiques de Scott.


Je rappelle maintenant les caractéristiques de l'EASM de Scott de Martinville, en y ajoutant quelques commentaires.

1) Bien que censée noter surtout la prononciation, au fond, elle s'appuie assez fortement sur la graphie.
Selon les doctrines, on applaudira ou on déplorera ce choix.

Le fait est que, dans une société lettrée, pour une majorité d'utilisateurs, tracer des signes sur du papier
(ou sur l'écran d'un smartphone ou d'une tablette) déclenche spontanément des images mentales de mots écrits,
et inhibe au contraire les images mentales phonologiques des mots. Si j'entends le mot "eau",
je vais alors avoir tendance à activer la représentation <eau> de préférence à la représentation /o/.
Convertir ce mot en /o/ nécessite une petit gymnastique mentale à laquelle les uns se prêtent volontiers,
et même avec plaisir, tandis que d'autres y sont rebelles. On a là probablement une des multiples raisons
qui font que le rêve de l'écriture sténo généralisée n'a jamais connu de réalisation.
Le système rapide qui a historiquement réussi jusqu'ici, c'est l'alphabet...

C'est pourquoi certains concepteurs de tachygraphie ont présenté un double système, l'un à principe phonographique
(on note des sons), l'autre à principe "graphographique" (on note laconiquement une représentation graphique déjà existante).
[Je ne sais pas si le mot pédant "graphographique" a été utilisé dans ce sens, mais il est logiquement construit
en parallèle avec "phonographique"]. C'est par exemple ce que Hugh Longbourne Callendar et Henry Sweet
ont voulu réaliser en anglais, comme je l'ai indiqué ailleurs sur ce forum.

En somme, le côté assez graphographique de la tachygraphie EASM la recommande à beaucoup d'utilisateurs.
Et cela pour les raisons même qui la feraient rejeter par les sténographes attachés aux performances de vitesse.
Intuitivement, j'ai l'impression que l'EASM pourrait permettre assez facilement de doubler la vitesse
de prise de notes par rapport à une notation in extenso. C'est un objectif bien médiocre pour des sténographes,
mais honorable et désirable pour un utilisateur standard.


2) On ne peut pas attendre de l'utilisateur moyen qu'il s'adonne avec passion au charcutage morphologique
des mots du français. Mais la formation, même modeste, donnée dès l'école primaire, nous autorise à espérer
que les plus motivés peuvent tout de même suivre les recommandations de Scott.


2.a) Scott fournit même une liste de "désinences" ; on dira plutôt "suffixes", car, dans la terminologie contemporaine,
il ne s'agit pas de désinences grammaticales (comme le "-ons" de conjugaison, "nous manger-ons"),
mais de suffixes dérivationnels ("désir" + "-able" > dérivé "désirable"), ou, pédagogiquement,
simplement "terminaisons" ou même "finales").

Telle qu'elle est comme exemple, la liste de Scott n'est pas sans intérêt, et illustre bien les possibilités de l'EASM.
Scott donne 30 + 10 = 40 suffixes, qu'il déclare être "les plus important[e]s par la fréquence de leur emploi"
(on peut avoir quelques doutes pour tel ou tel, mais peu importe). On pourrait améliorer et systématiser cette liste,
sur des bases statistiques, voire simplement en reprenant en partie (mais avec un certain esprit critique)
le travail déjà fait par les auteurs de manuels sténographiques, en fonction des types de documents
selon les spécialités, et l'étendre, selon la même philosophie.

En tout cas : "La désinence est le caractère le plus précieux pour arriver à la reproduction d'un mot contracté ;
à tel point que, réduit à son initiale et à sa finale, il serait encore plus facile à retrouver que celui
dont on donnerait les quatre ou cinq premières lettres seulement".

2.b) Scott propose quatre degrés de représentation plus ou moins abrégée pour les radicaux ou racines
ainsi que pour les suffixes : complet, riche, étroit, absolu. Il recommande instamment le dernier degré pour les suffixes.
S'agissant des radicaux, on peut être moins cursif si on le souhaite.

Exemple de Scott. Le radical "gouverne" de "gouvernement" peut se présenter sous quatre formes :
complète ("gouverne") ; riche ("gouv"), étroite ("gou",qu s'opposera à "gra" dans "gravement"),
absolue (initiale seule : ici "g"). Selon Scott, dans les mots morphologiquement complexes,
la réduction du radical ira jusqu'au degré étroit, si possible absolu.

Scott explique ensuite comment on peut systématiser la réduction non ambiguë des radicaux,
en ayant recours à ce qu'il appelle la "caractéristique", à savoir la consonne de la syllabe 2, parfois 3 ou 4, du mot.
Par exemple (je développe un peu Scott) , soit "gracieusement", "grandement", "graduellement", "gravement",
"gratuitement", dépouillés de leur suffixe "-ment". Le recours à la caractéristique donnera respectivement
"grac-", "grad-", "gral-", "grav-", "grat-". Ensuite on pourra éliminer la voyelle. Les cinq adverbes donnés
en exemples prendront alors les formes suivantes : "grct", "grdt", "grlt", "grvt", "grt". Le mot "gouvernement"
sera "gouvt" ou "gvt" ou "gt". L'ambiguïté de "gt" ("grandement" ? "généreusement" ? "gouvernement" ?)
sera levée par le contexte.

2.c) Scott ne dit rien des préfixes ("con-", "pré-", etc.), qui mériteraient un traitement systématique, en pendant des suffixes.


3) Conclusion : "En employant les réductions de radicaux comme il est expliqué [...], et celles qui sont applicables
aux désinences [...], on ramènera tous les polysyllabes à peu de lettres ; mais comme on aura conservé les parties
les plus importantes, on les trouvera sans effort à l'aide du sens. En général, trois lettres au plus formeront la racine
et jamais plus de deux la désinence ; de sorte que dans un mot de cinq ou de quatre ou de trois lettres, en isolant
la dernière ou les deux dernières, on aura les éléments constitutifs".

Et : "Les monosyllabes étant, à peu près, dans le discours, en nombre égal avec les polysyllabes,
il arrivera nécessairement, malgré toute la simplicité que nous avons cherché à donner à nos signes,
que le tracé d'un grand nombre des premiers nous fera éprouver du retard ; mais nous le regagnerons,
et avec avantage, sur les seconds, qui toujours exprimés par deux signes (racine et désinence) renferment
un grand nombre de mots de trois à six syllabes". Sur l'idée que les monosyllabes représentent approximativement
la moitié des mots en discours, je ne trouve pas de données toute prête sur Internet, mais un petit sondage rapide
me suggère que Scott a raison, comme on devrait s'y attendre (il était imprimeur et avait étudié les sténographies).

Pour ce qui est du problème des monosyllabes, ou plus généralement des "petits mots" courts, lorsqu'ils sont en succession
et forment des séquences fréquentes, on pourrait, éventualité dont Scott ne traite pas, représenter ces séquences
par des "blocages" (comme on dit en Duployé) symbolisables aussi économiquement qu'on voudra par divers symboles.
Mettons, à titre d'exemple, "il y a" représenté par la lettre grecque alpha, et ainsi de suite.

Tout le reste du travail de Scott est à lire (à partir de la section 51, page 157). On retiendra en particulier son plaidoyer
pour les abréviations spécifiques de mots, car "contrairement à l'opinion de Bertin", "les sténographes qui arrivent
à des résultats à peu près exacts ne le doivent qu'à des marques particulières en dehors du système qu'ils suivent,
et qui, par conséquent, ne sont que des symboles".

La partie un peu litigieuse de l'EASM, à mes yeux, c'est ce qui touche aux verbes, au moins dans la perspective
d'une diffusion aisée en direction de l'utilisateur moyen, dont on ne devra pas attendre une grande virtuosité analytique.


4) Indépendamment de ce qui précède, et selon la suggestion de Scott, les signes graphiques peuvent être
soit les lettres usuelles, soit des versions simplifiées de leur tracés, pour lesquelles s'impose une réflexion prolongée.
Au minimum, l'emploi d'un <m> à arche unique, d'un <t> non barré, d'un <i> non pointé, dans le style SFAE,
rendra des petits services. Ou des signes pour des séquences phonotactiques fréquentes, notamment
les groupes consonnantiques comme /tr/, /st/, etc.


Bref, ce qui est instructif chez Scott de Martinville, c'est sa réflexion et ses propositions systématisées
à partir de ce qui est, en définitive, ce que j'ai appelé le "style abrégé de bricolage personnel", si largement répandu,
mais sous des formes sauvages, peu abouties, anarchiques.
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fred



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MessagePosté le: Dim 16 Oct 2011 11:22 pm    Sujet du message: Répondre en citant

En somme, c'est l'ancêtre du SFEA (et non du SFAE !Wink ), lequel représente tout de même de nos jours un système assez abouti.
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mttiro



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MessagePosté le: Lun 17 Oct 2011 9:05 am    Sujet du message: Sur les cursives Répondre en citant

Oui, le SFEA est un système bien conçu. Ceux qui hésitent devant un investissement assez lourd
dans la sténographie (d'autant que les méthodes tendent à plaider en faveur des développements
les plus raffinés, franchement tétanisantes pour le profane) peuvent avec profit apprendre le SFEA.
On peut même s'étonner du caractère assez confidentiel de ce genre de tachygraphie.

Mais rien ne prouve que la tachygraphie, sous ses diverses formes, ne reviendra pas à la mode.
Il est merveilleux d'avoir sur soi un smartphone qui permet un enregistrement facile, et même,
grâce à des applications comme Dragon Dictation, une possibilité d'activer directement une reconnaissance
de la parole convertissant ce qu'on dicte en texte (avec, certes, des performances variables).

Mais ça ne résout pas tout, il s'en faut. Il y a pas mal de situations où, pour ma part en tout cas,
je préfère, même pour des notes au vol, écrire sur un petit carnet ou un bout de papier :
sortir mon téléphone, l'activer, lancer le logiciel, "appuyer" sur un bouton tactile, etc. prend souvent
plus de temps que de sortir un bout de papier de ma poche. Sans compter les risques de faire tomber
la machine et de la casser (livres, cahiers, carnets, sont des instruments merveilleusement robustes,
utilisables n'importe où sauf sous la pluie, ne craignant pas le sable des plages, etc.). Il faut donc,
pour chaque situation, savoir faire preuve de jugeotte, et faire des comparaisons d'ergonomie.
Pour la même raison, le recours systématique à Internet peut s'avérer ridicule. Mettre en marche un ordinateur,
etc. alors qu'on peut chercher un mot dans un dictionnaire à portée de main, ça rappelle les blagues
sur les polytechniciens qui passent par la géométrie analytique combinée au calcul intégral
pour obtenir l'aire d'un triangle. Mais mes enfants fonctionnent comme ça.

D'un autre côté, si on prend du plaisir à faire compliqué au lieu de faire simple, ça ne se discute plus.
D'ailleurs dans beaucoup de sociétés anciennes on prenait un malin plaisir à complexifier l'écriture,
par plaisir d'esthète, et pour se distinguer du vulgum pecus. L'apparition du très démocratique alphabet
a certainement provoqué la colère et le mépris des scribes habitués à manier des systèmes
ogographico-phonologiques super-lourds (égyptien, sumérien, etc.).

Maintenant, l'EASM originel de Scott de Martinville est encore plus simple et plus intuitif que le SFEA,
me semble-t-il, surtout sous sa forme sans lettres minimalistes, puisqu'on n'a recours à absolument
rien d'autre que les signes usuels de l'alphabet latin.

Cette discussion m'amène à l'observation suivante. Si on considère les écritures courantes, on remarque
que, très souvent, ont été créées des formes cursives des caractères, afin d'aller plus vite : c'est un peu
le degré zéro de la tachygraphie, au sens large. D'où, par exemple, le démotique par rapport
au hiératique ou au hiéroglyphique de l'égyptien, les minuscules latines et grecques dérivées
des majuscules latines et grecques, la cursive de l'hébreu par rapport à l'hébreu carré, les signes
du syllabaire hiragana japonais dérivés de caractères chinois pris pour leur valeur phonétique
et non sémantique, ou même l'écriture modi pour le marathi et le rajasthani. L'ingéniosité des scribes
s'est continuellement renouvelée, sous les plus diverses latitudes, et à toutes époques.

Or, dans ce ciel si anciennement serein, clac ! un coup de tonnerre.

En 2010, la plupart des états fédérés des Etats-Unis ont adopté le Common Core State Standards Initiative,
déterminant les objectifs scolaires généraux :
http://en.wikipedia.org/wiki/Common_Core_State_Standards
http://www.corestandards.org/

Bonne idée. Mais...

Dans cette optique, voilà qu'on n'exigerait plus des enfants de l'école primaire qu'ils maîtrisent
l'écriture manuscrite cursive à ligatures. Il devront en revanche "use a variety of digital toools".
Et à partir de 11 ans, les ergonomiques bambins devront démontrer leur maîtrise des "keyboarding skills".
Des psychologues et éducateurs, tous plus pénétrés de science les uns que les autres, expliquent
que cette conception est "progressiste", que la maîtrise de l'écriture traditionnelle est
une abominable perte de temps, et une infinité d'autres belles considérations. Il faut dire ce nonobstant
que tout le monde n'est pas soulevé par ce bel enthousiasme, tendu vers un avenir qui ne saurait être autre que radieux,
car certains grincheux, enseignants et parents, se laissent aller à prophétiser un superbe fiasco.
Sur le dos de la progéniture (comme pour les "maths modernes" et autres mirobolantes nouveautés
impulsées avec vigueur par l'escouade intraitable des inspecteurs de l'Education nationale et autres caporaux
de l'intellect).

On observera que le novateurs pédagogiques, le nez sur le guidon, au lieu de regarder un peu le paysage,
en bon nigauds qu'ils sont, se sont obsédés sur le clavier, sans se demander si des modes alternatifs
n'allaient pas monter en puissance. Notamment le tracé du doigt sur tablette... C'est un peu comme
les systèmes sténographiques, si intelligemment conçus soient-ils, qui s'appuyaient imprudemment sur la plume
pour distinguer entre tracé fin et tracé épais (massivement dans la Pitman, de façon nettement plus modérée
dans la Prévost-Delaunay).
Pour parler comme les pédagogues des IUFM, on a là pour les "apprenants" une manière de "gérer l'espace graphique"
dépendante à l'excès de l'état technique des "instruments scripteurs". Pourquoi ne pas savoir se servir
à la fois de la cursive sur papier, de la cursive sur tablette, et d'un clavier mécanique ou tactile ?
Les plus avisés ne sont pas toujours ceux qu'on pense, et cette idée qu'un idée nouvelle, qu'une pratique nouvelle,
rend nécessairement caduque une idée, une pratique plus ancienne, a été souvent démentie dans le passé.

Quoi qu'il en soit de ces mirifiques projets, dans l'état actuel, d'ores et déjà, l'Illinois (donc Chicago),
l'Indiana, Hawaii, à la pointe du progrès, ont annoncé que leurs écoles n'exigeraient plus (mais, dans leur grande libéralité,
n'interdiraient pas) la maîtrise de l'écriture cursive.

A quand une saine émulation, tardive mais maximaliste comme il se doit, dans la douce France ?

Voir :
http://www.bbc.co.uk/news/world-us-canada-14121541
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fred



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MessagePosté le: Lun 17 Oct 2011 10:41 am    Sujet du message: Re: Sur les cursives Répondre en citant

Vous dites : « Maintenant, l'EASM originel de Scott de Martinville est encore plus simple et plus intuitif que le SFEA. »
Peut-être, mais est-il plus efficace ? Car c’est bien là le problème que vous semblez oublier, en nous parlant de tous ces anciens systèmes. Vous risquez de perdre de vue que le but de tout système sténo- ou tachygraphique est d’établir le meilleur équilibre entre quatre choses : la facilité de tracé, la facilité de relecture, la vitesse, et la facilité d’apprentissage. Or, voyez-vous, tous les anciens systèmes pèchent forcément dans l’un au moins de ces quatre facteurs. Seuls les procédés les plus récents dans l’histoire et les plus utilisés, ont réalisé ce fragile équilibre. Je ne conçois pas l’histoire de la sténo comme présentant des systèmes disparates dans le temps, sans relation les uns avec les autres, dont certains auraient disparu parce qu’ils n’avaient pas de chance : je ne peux concevoir qu’une véritable filiation, et par conséquent qu’une épuration et une évolution des systèmes au fil du temps, des moins pratiques vers les plus pratiques. Les systèmes abandonnés ne le doivent qu’à leur imperfection. Et le succès des autres ne tient pas à la publicité qu’on en a faite, ou à la politique qui a permis leur expansion ; cela tient simplement à ce qu’ils étaient les meilleurs pour le plus grand nombre, c’est-à-dire les plus efficaces.
Si la sténo a presque disparu aujourd’hui, ce n’est pas parce que les systèmes sont déficients, mais parce que l’écriture manuelle n’a plus la cote, ainsi que vous le montrez dans les dernières décisions pédagogiques américaines. D’autres systèmes, plus mécanisés, ont pris le relais. C’est d’ailleurs pourquoi, en la matière, la sténotypie avait devancé tous les autres, il y a encore peu de temps ; mais elle est elle-même en mauvaise posture, aujourd’hui, car concurrencée par d’autres systèmes encore plus techniques, et peut-être bientôt plus fiables, d’enregistrement.
Bref, vous avez compris que je n’ai pas vraiment la nostalgie des vieux trucs. L’histoire et la théorie c’est bien joli, mais le modeste sténographe que je suis reste quelqu’un d’essentiellement pratique ! Or, la pratique dépend beaucoup des circonstances : voilà pourquoi je suis pour l'acquisition et la maîtrise de techniques diverses, mais les plus efficaces chacune dans son style, pour utiliser au bon moment la plus adaptée.
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mttiro



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MessagePosté le: Lun 17 Oct 2011 2:33 pm    Sujet du message: Succès des systèmes sténographiques Répondre en citant

Je ne suis pas du tout en désaccord, pour l'essentiel, avec ce que vous dites, et sur le compromis
pratique optimal à trouver entre les quatre contraintes que vous donnez. Mes explorations historiques
visent plutôt à rendre hommage à certains inventeurs ingénieux, pour une part,
et pour une autre part, à attirer l'attention des amateurs sur les buissonnements proliférants
qui font toute la complexité de l'histoire des idées.

Je suis d'accord aussi avec la nécessité d'envisager l'histoire de la sténographie dans une perspective
de filiation. Par exemple, si on en croit certains, il y aurait la lignée suivante, sur trois siècles,
depuis 1602 (sous réserves, et après études détaillées, qui, du reste, ont peut être été conduites, au moins en partie,
sinon en ligne complète, d'autant que les approches historiques tendent souvent à un partiel confinement
national) :
John Willis > Edmund Willis > Thomas Shelton > Theophilus Metcalfe > James Weston >
Samuel Taylor > Théorore-Pierre Bertin > Hippolyte Prévost > Albert Delaunay.

Est-ce que "les systèmes abandonnés ne le doivent qu'à leur imperfection", et que, a contrario, si un système a persisté
dans sa diffusion, c'est nécessairement qu'il est meilleur ? Je crois qu'en général, c'est
effectivement ce qui s'est passé : il y a en somme un marché compétitif qui peut faire émerger
le produit le plus performant. Mais je ne suis pas sûr que l'histoire des sciences et des techniques
nous donnent des raisons de croire qu'il en est nécessairement toujours ainsi. Ce qui n'a pas de succès, ou qui a
un moindre succès, n'est pas toujours inférieur à ce qui en a beaucoup. Dans les sciences humaines, par exemple,
diverses contingences sociales agissent parfois pour beaucoup. Certaines conceptions tiennent le haut du pavé
pendant assez longtemps, pour perdre ensuite de leur lustre. Et le marché auquel je faisais allusion ne peut fonctionner
aussi bien que possible que s'il n'est pas tordu par des rentes de situation, ou des intrusions diverses.
Scott de Martinville, dans son histoire de la sténographie, a une note acide, page 72, sur la Légion d'honneur
d'Hippolyte Prévost, qui se voit crédité, abusivement selon lui, de "l'initiative de tous les progrès
théoriques et techniques accomplis dans son art", selon les bureaux de l'Assemblée nationale.

On peut ajouter ceci. Si certains systèmes tombés dans l'oubli sont incontestablement bancals, pour d'autres
on ne peut que suspendre le jugement. Si Henry Sweet n'avait pas été aussi indifférent aux relations publiques
on aurait pu voir dans la pratique ce que vaut son système confronté à d'autres. Comme cette comparaison
n'a pas été faite, on n'est guère en position d'affirmer que l'oubli total dans lequel il est tombé
est la juste conséquence de son inadéquation radicale.
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fred



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MessagePosté le: Lun 17 Oct 2011 3:57 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Je ne connais pas les systèmes anglo-saxons, mais je crois que ce qui a beaucoup contribué au succès des systèmes français, ce sont les concours de vitesse qui ont fleuri dès le XIXe siècle. Là, la comparaison est simple : le meilleur gagne ! N’importe qui pouvant s’inscrire, n’importe quel système pouvait soudain atteindre la notoriété. C’est par exemple ce qui s’est passé pour la « sténophile Bivort », l’ancêtre de la sténotype : on a vu arriver un beau jour une demoiselle avec une machine bizarre, et qui, en raflant tous les premiers prix, a pu lire la stupéfaction sur le visage de ses concurrents armés d’un simple crayon ! Même si la machine «Bivort» n’a jamais vraiment fait d’émules, elle a attiré l’attention de M. Grandjean qui l’a améliorée à tous les points de vue et a su en faire un outil de première qualité au point que les sténotypistes ont toujours dépassé les possibilités des sténographes manuels.
Quant à ces derniers, sans surprise, ce sont surtout les Duployens et les P-Delaunistes qui se partageaient les palmes. Si un inconnu avait, plusieurs années de suite, gagné la coupe, nul doute que son système aurait beaucoup attiré l’attention. Mais encore eût-il fallu, pour qu’il rencontre un vrai succès, qu’on en ait bien mis au point l'apprentissage.
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mttiro



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MessagePosté le: Lun 17 Oct 2011 4:17 pm    Sujet du message: Concours sténographiques Répondre en citant

Dans le monde anglophone également, beaucoup de concours. Chacun se vante de ses trophées.
Par exemple, pour la Gregg :
http://gregg.angelfishy.net/anaboutg.shtml

Plus généralement :
http://ncraonline.org/NCRA/awardsandcontests/Speed/

Record sténotypique :
http://www.youtube.com/watch?v=qOBs25_g23s

S'agissant des concours, et anecdotiquement, curieux record. Je le vois signalé
dans la section Sténographie [méthode Prévost-Delaunay] de la Nouvelle Encyclopédie
autodidactique Quillet, tome IV, Librairie Aristide Quillet, Paris, 1954 (ce tome IV comprend des sections
sur l'anglais, l'allemand, l'espagnol, la comptabilité, le dessin, le sport), page 3 :

"Les sténogrammes, comparés à l'écriture ordinaire, tiennent peu de place ; c'est ainsi qu'à la suite
d'un concours assez original qui eut lieu aux Etats-Unis, en 1890, entre sténographes,
un employé du chemin de fer de Richond emporta le prix, en écrivant 36784 mots
sur une surface équivalant à celle d'une carte postale".

Ceci dit, si on envisage la tachygraphie de façon générale, l'objectif de très grande vitesse
ne paraît pas le seul à prendre en compte. Une vitesse modérée peut rendre des services
dans la vie courante, pour des gens qui n'ont évidemment pas à prendre des débats parlementaires,
judiciaires ou autres, ni même être des journalistes (je rappelle qu'il est, aujourd'hui encore,
exigé des journalistes anglais qu'ils fassent la preuve de leurs capacités tachygraphiques minimales).
Par exemple les étudiants.
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mttiro



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MessagePosté le: Lun 17 Oct 2011 4:33 pm    Sujet du message: Emploi du curvimètre Répondre en citant

Indépendamment des concours de vitesse, censés trancher la question
de l'efficacité des méthodes ("The proof of the pudding is in the eating" dit le proverbe anglais),
quelqu'un dispose-t-il d'informations techniques sur des mesures opérées
par des observateurs des tracés ? Jusqu'ici, j'ai été incapable de trouver autre chose
que ceci, à propos de la méthode Prévost-Delaunay (et je n'ai pas le livre entier,
mais seulement des vieilles photocopies de quelques pages) :

"La mesure au curvimètre - après agrandissement à la même échelle - de quelques phrases
dont chacune est représentée d'abord manuscritement pui sténographiquement,
permet d'établir que le tracé sténographique est linéairement 5 à 6 fois plus court,
donc beaucoup plus rapide que dans l'écriture littérale".

Marius Michelot, Les Systèmes sténographiques, PUF, Que Sais-Je ?, Paris, 1959, page 79.
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fred



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MessagePosté le: Lun 17 Oct 2011 10:22 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Il est vrai que les sténogrammes ne sont pas, dans l'ensemble, très larges. Mais comme ils peuvent prendre de la place en hauteur, il n'est pas certain que, sur une page entière, ils occupent moins de place qu'un texte manuscrit. D'autre part, les ponctuations sont marquées par des espaces plus ou moins longs, et il est toujours conseillé d'aérer son texte. Ce n'est donc pas vraiment dans des mesures douteuses qu'il faut chercher l'économie de la sténographie, mais plutôt dans la moindre fatigue qu'on a à tracer moins de signes et dans la rapidité subséquente de la prise.
Ces remarques valent aussi pour les procédés tachygraphiques, comme le SFEA, où, même si un mot dépasse rarement cinq caractères en largeur, on peut observer des signes tracés au-dessus ou au-dessous de la ligne d'écriture, et qui exigent donc de l'espace en hauteur.
On peut donc dire que la rapidité ne se mesure pas au centimètre, mais bien, et seulement, au chronomètre.
Enfin, si, en sténographie, la rapidité est reine, en tachygraphie c'est peut-être la facilité d'apprentissage (qui comprend la facilité de compréhension de la méthode et le faible temps nécessaire pour l'assimiler et l'avoir en main) qui semble prévaloir. Quand j'ai parlé d'équilibre entre les quatre facteurs précédemment cités, j'aurais peut-être dû dire qu'on peut très bien privilégier l'un d'entre eux et établir les autres en rapport.
Il est clair qu'en sténographie pure, c'est la vitesse qu'on privilégie. En tachygraphie, c'est en effet plus discutable.
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mttiro



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MessagePosté le: Mar 18 Oct 2011 2:29 pm    Sujet du message: Curvimètre, suite Répondre en citant

Effectivement "la rapidité ne se mesure pas au centimètre, mais bien, et seulement,
au chronomètre". Certes, les deux doivent tout de même être corrélés. Mais, par exemple,
la sténo Pitman, qui utilise pas mal de tracés appuyés, ne peut voir son efficacité mesurée
uniquement à la longueur des tracés, effectivement, car j'imagine que passer d'un trait épais
à un fin, ou vice versa, prend une fraction de temps.
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fred



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MessagePosté le: Mar 18 Oct 2011 10:23 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Oui, vous avez raison, ça doit ralentir la prise, mais pas de beaucoup. A ce propos, je ne sais pas si des études ont déjà été faites sur les actions qui ralentissent le plus. A mon avis, ce qui prend le plus de temps, ce sont les levers de crayon, non pas tant par le fait de lever la main une fois, mais par la répétition fréquente de ce geste, indispensable néanmoins pour séparer les mots. Mais ensuite, je ne sais pas. Le fait de revenir en arrière, peut-être, pour mettre des points ou des sécantes sur des signes déjà tracés... Je ne sais pas trop comment on pourrait étudier sérieusement ces obstacles à la rapidité.
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mttiro



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MessagePosté le: Mer 19 Oct 2011 10:32 am    Sujet du message: Tracés, mots, phrases, ambiguïtés Répondre en citant

1) Je suis persuadé qu'il y devrait y avoir des vieilles études sur ces question de coût des tracés.
D'où mon interrogation sur l'usage du curvimètre mentionné par Michelot.

De vieux auteurs arrivaient à faire des choses très intéressantes avec un équipement minime,
ou inexistant. Après tout en 1879 Emile Javal a très bien observé le processus de lecture par saccades oculaires
sans disposer de machines perfectionnées, mais par observation directe avec un seul miroir.

De plus, désormais, avec les outils modernes : tablette graphique, ou même tablette type iPad,
couplée à un logiciel idoine, on doit pourvoir étudier très finement ce genre de questions.

2) Scott de Martinville (et, j'imagine, bien d'autres) est très opposé aux systèmes qui demandent
une utilisation fréquente du point, en faisant observer que, sous les apparences de la facilité,
ça oblige à deux mouvements.

3) Votre remarque sur la nécessité de tout de même, a minima, faire des levers / descentes pour séparer les mots
pose à nouveau des questions touchant à des points majeurs dans l'histoire de l'écriture.

Nous sommes habitués à séparer les mots, à injecter des signes de ponctuation, à indiquer
les frontières de phrase, et même nous bénéficions de cette invention modeste mais remarquable
qu'est le paragraphe. Alors on a un vrai choc quand on est confronté à la "scriptio continua"
qu'on trouve, sans chercher bien loin, dans les inscriptions monumentales latines ou dans des manuscrits en grec.

http://en.wikipedia.org/wiki/Word_divider
http://en.wikipedia.org/wiki/Sentence_spacing
http://en.wikipedia.org/wiki/Paragraph

http://clioweb.free.fr/dossiers/ancienne/tableclaudienne.htm
http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/b/bc/Bibelhandskrifter%2C
_Utdrag_i_faksimile_ur_Codex_sinaiticus%2C_Nordisk_familjebok.png

Nous avons de la peine à avaler le fait que des tas de documents ont été écrits sans séparations entre les mots
et même d'une phrase à l'autre.

Cette question se repose en mineur dans les "blocages" ("phrasing") des sténographies, codant par un sténogramme
unique une suite de mots.

D'un autre côté, il est frappant de constater que, dans l'histoire de la sténographie, lier
les caractères d'un mot pour obtenir de manière massivement prédominante des sténogrammes
sans lever de main n'est pas une idée qui s'est imposée immédiatement. Mais après tout, comme je le notais,
les cursives de l'hébreu et du grec sont fondamentalement à caractères séparés.

Dans son livre classique "The Alphabet", Diringer rapporte une anecdote sur des ambiguïtés indiennes.
Au Rajasthan en particulier, les commerçants avaient (ont encore ?) recours à une écriture en syllabaire nagari,
mais avec une simplification des tracés, et, ad libitum, une omission des voyelles et une scriptio continua.
Or, même sans supprimer les voyelles, il suffit de ne pas séparer les mots pour créer des problèmes
d'interprétation, parfois comiques. Diringer cite le cas d'une lettre où on pouvait lire ceci ou cela : ça rappelle
les anecdotes de sténographes, notamment l'arsenal argumentaire pour plaider la défectuosité
de la méthode Tartempion par rapport à la méthode Trucmuche, ou simplement comme blague
entre professionnels.

Pendant que j'y suis, et en m'éloignant un peu de notre sujet, mais pas tant que ça,
à l'oral, si vous prenez une langue comme le français, vous avez parfois de belles
ambiguïtés et des quiproquos. Comme le français n'a pas d'accent de mot mais des accents de groupes de mots
(caractéristique typologique pas tellement courante, en fait), et que, en plus, il pratique des liaisons,
dont certaines sont obligatoires, le résultat, c'est que le français est une langue rêvée pour les calembours, puisque l'individualisation des mots laisse parfois à désirer, en tout cas dans un groupe de souffle :
/sEtuvEr/ = a) c'est tout vert, b) c'est ouvert.

D'où les holorimes, innocentes ou grivoises :

http://www.stat.ucl.ac.be/ISpersonnel/lecoutre/francais/holorimes.html

Alphonse Allais en a profité en virtuose. A contrario, parler anglais à la française transforme l'anglais
en bouillie indistincte.
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mttiro



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MessagePosté le: Mer 19 Oct 2011 2:42 pm    Sujet du message: Notae médiévales et écriture de Scott de M. Répondre en citant

Au fond, l'écriture abréviative de Scott de Martinville peut, dans une perspective historique,
s'appréhender comme étant, sur la base d'une réflexion linguistique portant sur
les langues flexionnelles (latin, français, etc.), une systématisation totale
de certains procédés "tironiens" des scribes médiévaux pour le latin (avec extensions aux autres langues),
qui n'ont jamais été poussés dans toute leur logique (voir mon post sur ce forum).
Voir ainsi :
http://j.poitou.free.fr/pro/html/ltn/tiron.html
http://www.proel.org/index.php?pagina=alfabetos/tironiana
http://sira.u-bordeaux3.fr/moyen-age/cours_paleo/c7.htm

1) Pour le cœur du système, il s'agit en effet de représenter : a) le radical du mot par une forme condensée, abrégée,
et ("signe principal") et b) certains préfixes et suffixes dérivationnels ainsi que les désinences flexionnelles nominales,
adjectivales ou verbales par une abréviation ou un signe conventionnel ("signe auxiliaire").

Les pratiques scribales médiévales, foisonnantes, variées, et de faible systématicité, présentent même occasionnellement d'astucieuses brachygraphies. Le "neuf tironien", ainsi appelé parce qu'il ressemble effectivement à notre chiffre "9"
(qui peut être simplifié en un "c" regardant vers la gauche, une virgule),
peut s'utiliser
- soit en début de mot avec une valeur morphologique dérivationnelle pour représenter le préfixe "con-"
- soit en fin de mot avec une valeur morphologique flexionnelle pour représenter la désinence "-us", et, par extension,
pour "-os", "-is" et d'autres
Les deux types d'occurrence du neuf tironien sont donc ici en "distribution complémentaire", car, puisque les contextes
sont distincts (début / fin), il n'y a aucun risque de confusion entre les deux emplois.

Pour la petite histoire, le "9" final à valeur de "-us", donc utilisable en particulier pour le nominatif singulier
de la deuxième déclinaison, a été utilisé aussi pour le "-us" du lituanien (ainsi nominatif de la 4ème déclinaison).

2) Par ailleurs, même le deuxième stade de l'écriture abréviative de Scott, celui qui consiste
à monter sur le système abréviatif décrit ci-dessusun alphabet dont les lettres présentent un tracé simplifié,
ce deuxième stade a également son analogue dans l'"alphabet tironien".

Bien entendu, Scott de Martinville n'ignore pas le précédent tironien : voir la note des pages 22 et 23
de son Histoire de la sténographie.

Si les scribes médiévaux avaient pu se réunir dans des colloques de normalisation pan-européenne,
ils auraient mis au point un système scott-de-martinvillien avant la lettre.
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mttiro



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MessagePosté le: Mer 19 Oct 2011 2:47 pm    Sujet du message: Pratiques abréviatives Répondre en citant

Des gens de divers horizons linguistiques s'intéressent aux "pratiques abréviatives"
(brachygraphie stricto sensu, si on choisit un certain type de terminologie) :

http://fdl.univ-lemans.fr/bfdl/ouvrages%20parus/Abrev/abrev_resumes.htm
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