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Tachygraphie antique et notes tironiennes

 
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mttiro



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MessagePosté le: Ven 07 Oct 2011 8:43 am    Sujet du message: Tachygraphie antique et notes tironiennes Répondre en citant

Les célèbres notes tironiennes sont plus souvent mentionnées en passant que véritablement décrites avec précision.

Un exemple, à vrai dire artificiel (voir Mazerelle plus bas):
http://en.wikipedia.org/wiki/File:Tironian_Notes_Psalm_68.png


1) Nous avons la certitude que les Romains disposaient de procédés tachygraphiques, qui leur permettaient par exemple de prendre au vol les discours devant le Sénat. Au passage, ceci rend absurde la tradition rapportée par l'historien romain Dion Cassius (55.7.6) suivant laquelle ce serait Mécène, le conseiller de l'empereur Auguste, qui aurait été l'inventeur de la tachygraphie latine, deux siècles et demi avant Dion Cassius :
http://penelope.uchicago.edu/Thayer/E/Roman/Texts/Cassius_Dio/55*.html

Cette date est trop tardive. Il est peu vraisemblable que les Romains aient ignoré aussi longtemps l'existence de la tachygraphie grecque, par exemple. Cette dernière a dû exister, du moins si l'on accepte le témoignage anecdotique de Diogène Laërce, qui attribue à Xénophon, au Ve siècle av. J.-C., la capacité de noter rapidement les propos de son maître Socrate.

Sur ces questions, voir le très bref résumé dans la note 2 de ce texte :
http://www.questionsenpartage.com/socrate-diversement-apprécié-par-ses-pairs

Et voir, en plus développé :
http://j.poitou.free.fr/pro/html/ltn/tiron.html
http://penelope.uchicago.edu/Thayer/E/Roman/Texts/secondary/SMIGRA*/Nota.html

De toute façon, il est typique d'attribuer l'invention d'une innovation quelconque à un personnage connu (ici Xénophon, ou Cicéron, ou Mécène, voire Ennius), alors que, bien évidemment, l'innovateur est souvent obscur.

En tout cas, le problème, c'est que, en fait, nous ne savons rien de ces techniques pour le latin.

De façon plus détaillée, sur la tachygraphie antique, voir Ernest Randolph Richards, The Secretary in the Letters of Paul, Wissenschaftliche Untersuchungen zum Neuen Testament. 2. Reihe 42, J.C.B. Mohr, Tübingen, 1991.

Pages 26 sqq. disponibles partiellement en ligne, avec des trous, comme d'habitude pour certains Google Books.

Enfin on peut voir sur Internet la photographie de trois fragments de papyrus, IIIe ou IVe siècle, Egypte, qui présentent des exemples de tachygraphie grecque. Ils ont été vendus par Christie's à Londres en 2008 pour 1250 livres, vente numéro 7590, lot 1. Ils proviennent en fait de la vente de la librairie Ajasse, Lyon, en 2005. Documents ayant appartenu au collectionneur autrichien Albin Schram (1926-2005).

http://www.christies.com/LotFinder/lot_details.aspx?intObjectID=5080695


2) L'article de Denis Mazerelle, "Les notes tironiennes" (2006), concernant la période du Haut Moyen Age, dissipe certaines illusions, et fait un peu le ménage.
http://hal.inria.fr/docs/00/13/99/22/PDF/notes-tironiennes.pdf

A partir de la page 8, Mazerelle explique comment se constituent des formes simplifiées des lettres à partir de l'écriture courante, à la suite des travaux paléographiques de Jean Mallon (1904-1982). La figure 2 montre par exemple que les lettres B et D de l'écriture courante se forment en associant deux tracés élémentaires, que Mazerelle appelle des "glyphons".

Le B et le D ont chacun deux glyphons, avec à gauche un glyphon identique, en forme de L (en grisé sur le document), et à droite deux glyphons différents (en noir sur le document), courbe à inflexion pour le B, courbe unique pour le D. Du coup, si on souhaite aller vite, on va simplifier le tracé des lettres, et, dans ce cas, on va se dispenser du glyphon commun pour ne garder à chaque fois que le glyphon spécifique du B et du D.

Ensuite Mazerelle avance une hypothèse séduisante pour expliquer la forme de la plus célèbre des "notae" tironiennes, celle du "et", représentée en haut à droite ici (et voir la dernière section de l'article, "Current") :
http://en.wikipedia.org/wiki/Tironian_notes

En tout cas, quand la sténographie moderne est apparue, elle ne semble pas avoir tiré beaucoup d'inspiration des notes tironiennes.


Dernière édition par mttiro le Lun 13 Mai 2019 12:32 pm; édité 1 fois
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mttiro



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MessagePosté le: Ven 07 Oct 2011 8:52 am    Sujet du message: Nouvelle version de : Tachygraphie antique et notes tironien Répondre en citant

Mon post précédent ayant une mise en page délirante (largeur folle), je le remets ici en espérant que ce sera plus lisible.

Les célèbres notes tironiennes sont plus souvent mentionnées en passant que véritablement décrites avec précision.

Un exemple, à vrai dire artificiel (voir Mazerelle plus bas):
http://en.wikipedia.org/wiki/File:Tironian_Notes_Psalm_68.png


1) Nous avons la certitude que les Romains disposaient de procédés tachygraphiques, qui leur permettaient par exemple de prendre au vol les discours devant le Sénat. Au passage, ceci rend absurde la tradition rapportée par l'historien romain Dion Cassius (55.7.6) suivant laquelle ce serait Mécène, le conseiller de l'empereur Auguste, qui aurait été l'inventeur de la tachygraphie latine, deux siècles et demi avant Dion Cassius :
http://penelope.uchicago.edu/Thayer/E/Roman/Texts/Cassius_Dio/55*.html

Cette date est trop tardive. Il est peu vraisemblable que les Romains aient ignoré aussi longtemps l'existence de la tachygraphie grecque, par exemple. Cette dernière a dû exister, du moins si l'on accepte le témoignage anecdotique de Diogène Laërce, qui attribue à Xénophon, au Ve siècle av. J.-C., la capacité de noter rapidement les propos de son maître Socrate.

Sur ces questions, voir le très bref résumé dans la note 2 de ce texte :
http://www.questionsenpartage.com/socrate-diversement-apprécié-par-ses-pairs

Et voir, en plus développé :
http://j.poitou.free.fr/pro/html/ltn/tiron.html
http://penelope.uchicago.edu/Thayer/E/Roman/Texts/secondary/SMIGRA*/Nota.html

De toute façon, il est typique d'attribuer l'invention d'une innovation quelconque à un personnage connu (ici Xénophon, ou Cicéron, ou Mécène, voire Ennius), alors que, bien évidemment, l'innovateur est souvent obscur.

En tout cas, le problème, c'est que, en fait, nous ne savons rien de ces techniques pour le latin.

De façon plus détaillée, sur la tachygraphie antique, voir Ernest Randolph Richards, The Secretary in the Letters of Paul, Wissenschaftliche Untersuchungen zum Neuen Testament. 2. Reihe 42, J.C.B. Mohr, Tübingen, 1991.

Pages 26 sqq. disponibles partiellement en ligne, avec des trous, comme d'habitude pour Google Books.


Enfin on peut voir sur Internet la photographie de trois fragments de papyrus, IIIe ou IVe siècle, Egypte, qui présentent des exemples de tachygraphie grecque. Ils ont été vendus par Christie's à Londres en 2008 pour 1250 livres, vente numéro 7590, lot 1. Ils proviennent en fait de la vente de la librairie Ajasse, Lyon, en 2005. Documents ayant appartenu au collectionneur autrichien Albin Schram (1926-2005).

http://www.christies.com/LotFinder/lot_details.aspx?intObjectID=5080695


2) L'article de Denis Mazerelle, "Les notes tironiennes" (2006), concernant la période du Haut Moyen Age, dissipe certaines illusions, et fait un peu le ménage.
http://hal.inria.fr/docs/00/13/99/22/PDF/notes-tironiennes.pdf

A partir de la page 8, Mazerelle explique comment se constituent des formes simplifiées des lettres à partir de l'écriture courante, à la suite des travaux paléographiques de Jean Mallon (1904-1982). La figure 2 montre par exemple que les lettres B et D de l'écriture courante se forment en associant deux tracés élémentaires, que Mazerelle appelle des "glyphons".

Le B et le D ont chacun deux glyphons, avec à gauche un glyphon identique, en forme de L (en grisé sur le document), et à droite deux glyphons différents (en noir sur le document), courbe à inflexion pour le B, courbe unique pour le D. Du coup, si on souhaite aller vite, on va simplifier le tracé des lettres, et, dans ce cas, on va se dispenser du glyphon commun pour ne garder à chaque fois que le glyphon spécifique du B et du D.

Ensuite Mazerelle avance une hypothèse séduisante pour expliquer la forme de la plus célèbre des "notae" tironiennes, celle du "et", représentée en haut à droite ici (et voir la dernière section de l'article, "Current") :
http://en.wikipedia.org/wiki/Tironian_notes
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fred



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MessagePosté le: Ven 07 Oct 2011 10:02 am    Sujet du message: Répondre en citant

Nous avions déjà évoqué les notes tironiennes du Moyen Àge dans le forum et leur mise en pratique nous avait paru assez peu crédible. Le système était en effet trop compliqué pour être rentable. Cela avait une apparence de jeu d’esprit, tenant plus de la torture mentale que de l’efficacité sténographique. Il est intéressant de constater que les études modernes corroborent notre sentiment. Pour l’instant, on en sait donc fort peu sur les sténographies réellement pratiquées dans l’antiquité.
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mttiro



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MessagePosté le: Sam 08 Oct 2011 10:24 pm    Sujet du message: Sténographie grecque des IIe et IIIe siècles Répondre en citant

1) A la fin du XIXe siècle fut trouvée la célèbre série des papyrus trouvés à Oxyrhynque en Egypte,
sur la rive ouest du Nil, à160 km au sud du Caire.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Papyri_d%27Oxyrhynque
http://fr.wikipedia.org/wiki/Oxyrhynque

Dans ce trésor, un papyrus du IIe siècle après J.-C. contient la plus ancienne attestation connue
d'un petit passage de la république de Platon : "Oxyrhynchus Papyrus XV 1808", Sackler Library, Oxford.

Voilà à quoi ressemble ce vénérable débris :
http://163.1.169.40/gsdl/collect/POxy/index/assoc/HASH0152/d0d8d258.dir/POxy.v0015.n1808.a.01.hires.jpg

Or ce papyrus se trouve comporter onze annotations marginales avec certains signes tachygraphiques,
ce qui est exceptionnel pour les papyrus à contenu littéraire.

Etude de Kathleen McNamee & Michael L. Jacovides, Annotations to the speech of the Muses (Plato Republic 546b-d), Zeitschrift für Papyrologie und Epigraphik 144:31-50 (2003).
http://web.ics.purdue.edu/~mjacovid/Muses.pdf

Cette étude cite en note 3 une thèse de C. Teitler, Notarii and Exceptores, Amsterdam 1985. Dans ce titre,
les termes synonymes "notarius" (celui qui fait des "notae") = "exceptor" (celui qui recueille [les paroles])
= le "sténographe", ou disons plus prudemment le tachygraphe.
On trouvera un compte rendu de ce travail par Pierre Hamblenne ici, pages 158 à 161 :
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rbph_0035-0818_1990_num_68_1_6968_t1_0158_0000_2

On y verra que le Concile de Carthage en 411 a &t& présidé par un "tribunus et notarius". Qu'une école
pour la formation de ces fonctionnaires est attestée pour 428 dans le Code de Théodose, une "schola notariorum".
La première attestation du mot "notarius" se trouve dans l'Apocoloquintose du divin Claude,
ouvrage satirique dirigé contre léempereur Claude, et attribué à Sénèque :
"On fit sortir Claude ; et le premier auquel on demanda son avis fut le père Janus :
il avait été désigné, pour les calendes de juillet, consul des après-dînées.
Personnage des plus subtils, qui toujours, à la fois, voit devant et derrière.
En habitué du forum, il débita force belles phrases que le sténographe ne put suivre,
et que par ce motif je ne rapporte pas, pour ne point dénaturer les termes de son discours." (IX)


2) Pour la curieuse "inscription sténographique de Delphes", voir la publication originale de Paul Tannery (1896) :

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bch_0007-4217_1896_num_20_1_3607

Et voir cet article de Jean Bousquet, 1956 :

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bch_0007-4217_1956_num_80_1_2407
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mttiro



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MessagePosté le: Mer 19 Oct 2011 2:57 pm    Sujet du message: Notes "tironiennes" et Scott de Martinville Répondre en citant

Voir ici sur ce forum :
http://forumsteno.vosforums.com/post4199.html#4198

pour une comparaison entre certaines pratiques médiévales "tironiennes"
et l'"écriture abréviative" de Scott de Martinville.
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mttiro



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MessagePosté le: Mer 19 Oct 2011 3:04 pm    Sujet du message: Livre sur notes tironiennes Répondre en citant

Introduction à la lecture des notes tironiennes :

http://fr.calameo.com/read/0001070443ee2931a8ac6
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mttiro



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MessagePosté le: Sam 13 Avr 2019 5:49 pm    Sujet du message: Oxyrhynque Répondre en citant

Je reviens sur le manuscrit d’Oxyrrhinque, dont j’ai parlé jadis.

On a trouvé en Égypte, à Oxyrhynque, un fragment d’un manuscrit de la République de Platon, qui remonte au IIe siècle après J.-C. Ce papyrus est connu comme P.Oxy. XV 1808.

Le texte est accompagné de gloses marginales qui sont écrites dans une notation tachygraphique grecque antique (très postérieures donc à l’époque de Tiron, rappelons-le). Il s’agit d’un passage où Platon mentionne un certain nombre, connu depuis sous le nome de nombre de Platon, ou de nombre nuptial, et qui est resté jusqu’à aujourd’hui énigmatique. Il était déjà obscur pour l’auteur des gloses de la fin du IIe siècle, qui a exercé sa sagacité sur ce sujet opaque.

On trouvera toutes les précisions voulues dans l’article de Kathleen McNamee, A Plato papyrus with shorthand marginalia, 2002.
https://grbs.library.duke.edu/article/viewFile/1981/3181

Voici un extrait de l’article, où l’auteur résume bien le fonctionnement de la tachygraphie grecque au IIe siècle de notre ère (j’ai dû couper les mots grecs, qui ne passaient pas au copier-coller) :

« The elementary portion of the course was itself organized into three groups of simple signs to be memorized. The Syllabary (...) was a methodical listing of signs for vowels, diphthongs, and syllables that begin or end in certain consonants.18 The “Monobolai” (...), which are imperfectly preserved, represented whole words and short phrases. The Endings (...) consisted of signs for inflectional endings. The remains of this group too are incomplete. Once these elements were mastered, a student was ready to memorize the Commentary (...), an ordered table of hundreds of compound signs built of components from the other lists. Each entry here consists of two parts. The first is a sign with its essential meaning written above it. It is accompanied by several symbols from the elementary tables.
[...]

Mastery of shorthand, then, depended first upon ac-
curate memorization of the elementary symbols and, secondarily, on memorizing what eventually grew to be more than eight hundred signs in the Commentary, each one with supplemental meanings. The fact that one part of the manual drew from the other was no doubt a sig- nificant aid in memorization. So too was the internal association of the words in many tetrads. Nevertheless the learning process must have been arduous and long. An Oxyrhynchus contract roughly contemporary with the Plato papyrus records the indenture of a slave for two years to a semeiographos, by the end of which time he was to have learned the entire Commentary.

The way the Oxyrhynchus annotator uses shorthand has no exact parallel among deciphered texts, as will become apparent. His work is also important as one of the earliest examples of tachygraphy to survive. Only eight earlier texts are known, and the papyrus in fact predates a general regularization of the shorthand system in the third century. It presents a good opportunity, therefore, for studying an early phase in the development of the system ».

A la fin de l’article, Kathleen McNamee fournit une interprétation des gloses tachygraphiques.
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mttiro



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MessagePosté le: Sam 13 Avr 2019 5:50 pm    Sujet du message: Byzance Répondre en citant

L’instruction tachygraphique a continué à Byzance.

Ainsi est-il dit du moine Nicolas de Stoudios (793-868) : « Nicholas of Stoudios went at age 10 to the Stoudios monastery to be mentored by his paternal uncle, the monk Theophanes, a familiar pattern. He was educated there with other children, but in a building separate from the monastery (καταγώγιον τῶν παίδων). After advancing to the study of γραμματική and tachygraphy, when he was presumably in his teens, he was tonsured once he started to grow a beard ».

Alice-Mary Talbot in :
https://www.oapen.org/download?type=document&docid=641015

Par l’intermédiaire grec, a pu s’établir en Italie une tradition de tachygraphie syllabique grecque dont nous voyons par ailleurs un parallèle pour le latin chez Gerbert (voir la rubrique spéciale).
http://www.italianways.com/the-abbey-of-san-nilo-in-grottaferrata-the-orient-in-rome/

L’abbaye de Sainte-Marie de Grottaferrata, près de Rome, a été fondée en 1004 par saint Nil de Rossano, natif de Calabre, alors de culture grecque et rattachée à l’Empire d’orient (byzantin). Or saint Nil est dit être le concepteur d’une tachygraphie grecque syllabique. C’est le nom qu’on lui voit donner, mais je ne suis pas certain qu’il s’agissait de prendre des notes rapides. Peut-être s’agissait-il d’un ensemble d’abréviations permettant le compactage spatial plus que la vélocité. Je ne sais pas à quoi m’en tenir pour le moment.
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MessagePosté le: Dim 14 Avr 2019 8:32 am    Sujet du message: Tachygraphie antique en grec Répondre en citant

Marie-Hélène Marganne, 2017 :

Bien différents des livres de luxe, les papyrus littéraires supposés autographes sont rares : à peine une trentaine (10) ! Cela n’est guère étonnant, car, comme le rapporte Galien (par exemple, De ses propres livres, I), les auteurs dictaient le plus souvent leurs oeuvres à des scribes qui pouvaient être tachygraphes ou, selon la terminologie actuelle, sténographes. Plusieurs manuels de tachygraphie conservés sur papyrus, datés surtout de la période byzantine (III-VIème siècles), mais également d’époque romaine, contiennent en effet des mots en rapport avec la médecine. Les Commentaires en particulier, fournis- sent, avec les signes qui leur correspondent, de longues listes de mots généralement grou- pés par quatre (d’où le nom de “tétrades”) autour d’un thème, comme la géographie, la religion et la mythologie, etc., et aussi la médecine. Quinze tétrades au moins sont consa- crées aux parties du corps, classées dans l’ordre a capite ad calcem (environ 70 mots), au moins une, au médecin, et vingt, aux plantes, herbes et substances médicamen- teuses (11). Un commentaire tachygraphique provenant du Fayoum et daté du milieu du IIème siècle de notre ère (P. Fay. Coles 9) atteste, dans une tétrade, le nom d’Hippocrate, accompagné d’un et peut-être deux vocables médicaux, tandis qu’une liste alphabétique de mots à usage tachygraphique faisant partie d’un codex miscellaneus en papyrus de la 2ème moitié du IVème siècle provenant probablement de la Thébaïde (P. Monts. Roca 1), contient, lui aussi, le nom du médecin de Cos, à côté de substantifs et de verbes utilisés dans le langage médical, notamment pour désigner les parties du corps. Ces papyrus, qui prouvent l’utilisation courante de tels mots par des scribes tachygraphes, donnent des indications précieuses sur la dictée et l’édition d’ouvrages médicaux dans l’Égypte romaine et byzantine.

http://www.biusante.parisdescartes.fr/sfhm/hsm/HSMx2017x051x002/HSMx2017x051x002.pdf
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MessagePosté le: Lun 15 Avr 2019 7:11 am    Sujet du message: Notes tironiennes : structure Répondre en citant

On a envie parfois de dire que les notes tironiennes médiévales peuvent être structurées comme l’écriture japonaise : radical du mot avec un kanji (logographique), et terminaison de flexion avec les kana (syllabiques phonologiquement).
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MessagePosté le: Lun 13 Mai 2019 12:38 pm    Sujet du message: Ausone Répondre en citant

Le poète et professeur latin du IVe siècle Ausone (Decimus Magnus Ausonius), né près de Bordeaux, est lauteur d’épigrammes, dont le numéro 146 concerne la tachygraphie. Traduction Corpet, 1843, sur le site Remacle.

Ausone s’adresse à un jeune esclave tachygraphe, s’émerveillant de son habileté.


CXLVI. A un copiste très prompt à transcrire.

ESCLAVE, habile ministre des notes rapides, accours ! Ouvre la double page de tes tablettes, où une longue suite de phrases, exprimées chacune par des points différents, se trace aussi vite qu'un seul mot.

Je parcours d'énormes volumes. comme les flots pressés de la grêle, les mots se précipitent de mes lèvres bruyantes, et ton oreille ne se trouble pas, et ta page ne peut s'emplir ! Ta main, remuant à peine, vole sur la surface de cire, et si ma parole se traîne par les longs détours d'une circonlocution, tu fixes mes idées sur la cire, comme si elles, étaient énoncées déjà. Je voudrais que mon esprit fût aussi prompt à concevoir que ta main est habile à devancer en courant ma parole.

Qui, je te le demande, qui m’a trahi ? Qui t'a révélé déjà ce que je songeais à dire ? Comment ta main ailée peut-elle ainsi dérober les secrets de ma pensée ? Par quel nouvel ordre de choses ton oreille peut-elle connaître ce que ma langue n'a point encore exprimé ? Ce n'est point un maître qui t'a enseigné cela ; et nulle autre main ne serait assez légère pour ce vol rapide de l'abréviation. Non, c'est un don de la nature ; c'est Dieu qui t'accorda cette faveur, de savoir d'avance ce que je dois dire, et de vouloir ce que je veux.


Texte latin :

[IN NOTARIUM IN SCRIBENDO VELOCISSIMUM]

PUER, notarum praepetum
sollers minister, advola.
bipatens pugillar expedi,
cui multa fandi copia,
punctis peracta singulis, 5
ut una vox absolvitur.
ego volvo libros uberes
instarque densae grandinis
torrente lingua perstrepo :
tibi nec aures ambigunt, 10
nec occupatur pagina
et mota parce dextera
volat per aequor cereum.
cum maxime nunc proloquor
circumloquentis ambitu, 15
tu sensa nostri pectoris
vix dicta iam ceris tenes.
sentire tam velox mihi
vellem dedisset mens mea,
quam praepetis dextrae fuga 20
tu me loquentem praevenis.
Quis, quaeso, quis me prodidit ?
quis ista iam dixit tibi,
quae cogitabam dicere ?
quae furta corde in intimo 25
exercet ales dextera ?
quis ordo rerum tam novus,
veniat in aures ut tuas,
quod lingua nondum absolverit ?
doctrina non hoc praestitit 30
nec ulla tam velox manus
celeripedis compendii :
natura munus hoc tibi
deusque donum tradidit,
quae loquerer, ut scires prius 35
idemque velles, quod volo.
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MessagePosté le: Lun 13 Mai 2019 4:39 pm    Sujet du message: Cassien d’Imola Répondre en citant

Voir la rubrique :

Cassien d’Imola, le patron des sténographes
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MessagePosté le: Lun 03 Juin 2019 4:08 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Un exercice sténographique du VIe siècle de notre ère, en grec. Voir la section 6 de cet article de l’helléniste belge Yves Duhoux :

https://digilib.phil.muni.cz/bitstream/handle/11222.digilib/113895/N_GraecoLatina_06-2001-1_12.pdf?sequence=1
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